mercredi 16 janvier 2019

Blackberry sécurise le cockpit digital

Je reviens encore sur le CES de Las Vegas (en même temps, il n'y a pas grand chose à dire sur le salon de Detroit), car j'y ai fait un arrêt sur le stand de BlackBerry. Ce n'est pas qu'une marque de téléphone mobile, car l'entreprise canadienne propose depuis des années un OS qui a pour nom QNX, et qui tourne sur 120 millions de voitures dans le monde. Ce système d'exploitation, considéré comme plus stable, est même privilégié par des marques Premium comme Audi par exemple (on le trouve par exemple sur le Q8, qui était exposé sur le stand). Le CES a été l'occasion de présenter la solution QNX Platform for Digital Cockpits qui permet de bien séparer les applications de type Android et les fonctions critiques, tout en offrant le confort d'un cockpit numérique.

Jusqu'à présent, il fallait deux ordinateurs différents pour gérer d'un côté les fonctions liées à la sécurité et de l'autre tout ce qui relève de l'infotainment, m'a expliqué Victor Marques, l'un des experts présents. Blackberry propose de tout réunir sur une seule unité de commande électronique (UCE). Avec ce système, il devient possible de proposer aux constructeurs un cockpit moderne et en même temps sécurisé d'un point de vue logiciel.

L'UCE intègre en effet un hyperviseur répondant à la norme ISO 26262 (sur la sûreté de fonctionnement). Cela permet de s'assurer que les systèmes d'exploitation qui gèrent le combiné d'instruments, tout ce qui relève de l'information pour le conducteur (messages d'alerte, affichage des aides à la conduite, écran tête haute) et le divertissement ne viennent pas interférer les uns avec les autres.


Blackberry a "virtualisé" par exemple tout ce qui concerne Android. Cela veut dire concrètement que les applications liées à Google (Google Maps, musique....) ne peuvent pas communiquer avec ce qui relève de la sécurité. La plateforme QNX gère un certain nombre d'autorisations, en séparant les échanges entre les logiciels et les composants. C'est plutôt rassurant pour les constructeurs qui ne tiennent pas forcément à ce que le logiciel de Google vienne "renifler" des données issues de certains capteurs. Par ailleurs, une mise à jour ou une défaillance liées à Android ne viennent pas compromettre le fonctionnement du cockpit pendant que le véhicule roule.


La priorité est donnée à la sécurité. En toutes circonstances, le système veille à relayer les alertes dans le combiné numérique. J'ai pu le constater lors de la démo, qui s'est faite à bord d'une Karma Revero.

Cette solution de cockpit numérique, certifiée en matière de sécurité, serait une première mondiale. Au-delà de la sûreté de fonctionnement (et en matière de cybersécurité aussi), l'avantage est aussi une réduction des coûts pour les constructeurs automobiles et un gain de temps dans les développements. La nouvelle plateforme devrait arriver rapidement sur le marché.