mardi 8 janvier 2019

Milla : un nouvel acteur français de la navette autonome

Sur le pavillon de Business France, un nouvel acteur va dévoiler aujourd'hui une navette autonome. Il s'agit de Milla Group*. La structure est le fruit d’une association entre ISFM (Intelligent Systems For Mobility : une société d’ingénierie spécialisée dans la conduite autonome, créée par un ancien de VEDECOM et de Renault) et la société OBH (design, conception d’IHM, gestion de flottes). Répondant au nom de Mobility POD**, cette navette se distingue par son design et ses dimensions. Et je peux vous en parler avec un certain nombre de détails, car j'ai eu le privilège de la découvrir en avant-première, un soir du mois de décembre en région parisienne.



Ce "before" tient au fait que je connais Frédéric Mathis, aujourd'hui Président de Milla Group. Je l'avais croisé lors du congrès sur les ITS de Bordeaux en 2015. A l'époque, il était chez VEDECOM et avait travaillé sur la Zoe autonome, l'un des véhicules les plus bluffants qu'il m'a été donné d'essayer. Il a ensuite créé sa société, ISFM, et a fait le voyage au CES en 2018. Il n'avait pas de navette à présenter, mais les idées étaient là.


C'est donc un véhicule statique, mais fonctionnel que j'ai pu découvrir dans l'atelier d'Etud Integral, une société basée dans les Yvelines, et spécialisée dans la conception de concept cars. Pour l'anecdote, la base roulante est celle d'un véhicule électrique français, la BeeBee (fabriquée dans la Sarthe), qui a été réaménagée.



Le châssis est certifié pour les crash, selon la réglementation pour les véhicules de type M1.


Comme on peut le voir sur la photo, un effort a été fait sur l'esthétique. Rarement sexy, les navettes autonomes (Navya, Easymile, Lohr, 2getthre, ZF, Bosch, Toyota, Rinspeed) ressemblent à des minibus. le souhait de Milla Group a été de faire un véhicule plus profilé, avec une sorte de capsule posée sur le châssis. Cela me fait penser un peu au taxi volant d'Airbus et Audi, les rotors en moins sur le toit.


Si l'extérieur est plutôt sympa, avec une teinte bicolore (bleu et blanc), l'intérieur est assez cosy. Une fois franchies les portes, qui s'ouvrent en vis-à-vis, on prend place à bord d'un salon avec des banquettes bleues. Notez la présence de ceintures de sécurité ventrales. Car, à bord de la Mobility POD, on voyage assis et plutôt confortablement du reste (avec en prime des prises USB pour recharger ses appareils électroniques). La capacité d'accueil est de 6 personnes.


Il y a un certain souci du détail à bord, au niveau de l'éclairage d'ambiance par exemple.


Comme sur d'autres navettes, un écran permet de savoir où l'on se trouve et de suivre l'itinéraire en temps réel.


Pour répondre à la problématique du dernier km, Milla Group a fait le choix d'une navette de petite taille et d'un poids inférieur à 1,250 tonne. Ces dimensions permettent de s'insérer plus facilement dans des rues étroites, en milieu urbain. La société a choisi également de proposer un véhicule évoluant à une vitesse bridée à 30 km/h.

La grande différence, et elle est de taille, c'est que les PODs peuvent rouler en convoi (un attelage de trois, portant la capacité de transport à 18 personnes).


Ceci étant posé, parlons à présent de l'intelligence embarquée. La navette est équipée d'un lidar (que l'on voit ici), de trois radars et de caméras. Elle bénéficie d'un pilotage avancé (IA déterministe, décisions réparties sur deux ordinateurs de bord, redondance des fonctions de perception, localisation et freinage), permettant de gérer les trajectoires, l'évitement des obstacles, et de se positionner. Milla l'a aussi dotée d'une communication de pointe (Wi-Fi et LTE), d'une localisation de type GNSS) et d'un système de supervision à distance permettant des interventions d’urgence.

Le Groupement ADAS du pôle Mov'eo a collaboré au projet, avec par exemple la communication V2X assurée par YoGoKo et une intelligence logicielle fournie par Nexyad.


Le CES sera l'occasion de présenter un produit concret, qui sera évidemment moins cher que les autres navettes de la concurrence.

*Le Groupe MILLA, membre du programme Ubimobility et lauréat du prix Innov’Up Leader - assure déjà de nombreuses exploitations de véhicules autonomes, par exemple aux côtés de Renault dans le programme Rouen Autonomous Lab.
**Qui s'appellera Milla POD en dehors des Etats-Unis, où le nom était déjà déposé.