lundi 17 octobre 2022

Un Mondial moins grand et avec moins de monde : et alors ?

Cela fait déjà 4 ans que le Mondial de l'Automobile n'avait pas eu lieu porte de Versailles. A l'époque, le salon avait fait 1 million de visiteurs, ce qui faisait de lui - et c'était le cas avant - le plus grand événement de ce type dans le monde. Cette année, on parle plutôt d'un objectif à 400 000, voire 500 000 visiteurs. Ce qui serait déjà bien. Mais, peut-on comparer deux éditions à 4 ans d'intervalle ?

Il faut rappeler qu'entre temps, il y a eu le Covid. Et ce n'est pas neutre, quand on sait ce que la pandémie a entraîné comme changements au niveau de l'événementiel (événements digitaux, mix entre physique et virtuel). 

Le fait est que les salons historiques ont tous connu des problèmes. Le salon de Francfort, qui a laissé la place à l'IAA Mobility de Munich n'a pas connu un grand succès. Ce n'est pas en mettant des vélos et des trottinettes à la place des autos qu'on y arrive. Le salon de Detroit, qui a eu lieu récemment, n'a pas très bien marché non plus. D'ailleurs, on ignore quelle a été la fréquentation. Quant au salon de Genève, il aura lieu l'an prochain... au Qatar.

Une fois qu'on a dit ça, que peut-on ajouter pour défendre Paris ? On peut déjà souligner que deux salons vont se tenir en parallèle, le Mondial et Equip Auto (qui démarre le 18). Et ce 18 octobre, un "summit" va se tenir pour donner la parole aux grands acteurs (constructeurs, équipementiers et offreurs de solutions).

Mes confrères journalistes sont nostalgiques d'une période plus festive, avec plein de marques et des nouveautés à découvrir dans tous les recoins. Cette année, le tour du salon est plus vite fait, c'est vrai. Mais, en même temps, on découvre des nouvelles marques (y compris françaises comme Hopium et Namx). Et les acteurs chinois que l'on pointe du doigt avec un certain mépris seront peut-être les champions de demain. "La Chine, c'est un quart du marché mondial", rappelait ce midi Christophe Périllat, DG de Valeo.

Et puis, il y a des conférences. Les start-ups seront à l'honneur. On y voit aussi des fédérations (Mobilians, Avere France...) et des acteurs issus de la banque ou du conseil et qui contribuent également à la mobilité. C'est juste une évolution, un reflet de ce monde qui change.

Nous vivons une époque où l'industrie automobile doit se réinventer dans l'urgence. Elle doit électrifier ses produits, connecter ses véhicules, les rendre de plus en plus autonomes et passer au digital. La numérisation incite à chercher le dialogue direct avec le client et de façon virtuelle (d'où les événements en ligne des constructeurs). C'est moins coûteux, c'est vrai. Et puis, ils préfèrent aller au CES de Las Vegas ou à VivaTech. Pour autant, les industriels font sans doute une erreur. En boudant les salons, ils provoquent eux-mêmes des polémiques (le sport favori des journalistes est de dresser la liste des absents). Et au final, tout le monde scie la branche sur laquelle il est assis.

Les salons restent une vitrine. Ils permettent de montrer ce que sera l'avenir, tout en permettant de toucher des produits actuels et en cultivant la passion (via des modèles vintage). J'espère sincèrement que le public continuera à venir et prouver que l'automobile fait partie de notre patrimoine.