Je me trouve au CES de Las Vegas, à l'invitation de l'équipementier ZF qui a des nouveautés à présenter sur le salon dans le domaine de la conduite autonome. Le CES est pour le groupe allemand l'occasion de dévoiler un van de transport à la demande (autonomous ride hailing), équipé du dernier supercalculateur maison et d'un cockpit innovant volant ni pédales. Comme d'autres acteurs, ZF anticipe un marché qui sera d'abord porté par des opérateurs avec des véhicules de transport à la demande.
Ce segment devrait croître d'1,5 million de véhicules dans les 5 prochaines années.
Avant de détailler le véhicule en lui-même, il nous faut d'abord parler de l'intelligence qui se trouve à bord. ZF a conçu un supercalculateur du nom de Pro AI, en partenariat avec Nvidia. L'équipementier a en fait donné naissance à toute une famille.
Le dernier né est le Pro AI Robot Think, une bête de course capable de réaliser 600 téra opérations par seconde. Le supercalculateur intègre en fait des technologies issues des jeux vidéo. C'est le plus puissant et le plus flexible de l'industrie automobile, a souligné le PDG de ZF, Wolf-Henning Scheider. Ce système répond aux besoins de l'automatisation de niveaux 4 et 5, soit pour des robots-taxis, soit pour des navettes autonomes comme l'e.GO Mover que ZF va commencer à produire dès cette année.
Un tel supercalculateur, qui coûte 10 à 15 fois plus cher que le modèle de base (Pro AI Gen 1 qui lui répond aux besoins plus basiques des ADAS, avec toute de mêmes les critères requis par EuroNCAP en vue de 2022), pourrait arriver d'ici 5 ans sur des véhicules plus conventionnels. Mais, il s'agira de véhicules chers, que le grand public ne pourra pas s'offrir. Ce seront donc des véhicules proposés par des opérateurs de service.
Mais, revenons au van que j'ai pu tester sur un parking, à la sortie de Las Vegas. Ce véhicule intègre 6 lidars, 6 radars et 9 caméras. Oui, cela fait beaucoup. Mais, pour avoir un véhicule réellement autonome, ZF considère qu'il faut trois technologies et de la redondance. C'est pourquoi il parle de capteurs qui font de la détection à 720 degrés (et non 360).
Le plus surprenant est l'intérieur. Comme vous le voyez, il n'y a pas de volant. L'accélération et le freinage, ainsi que la direction bien sûr, se pilotent par un petit joystick placé entre les deux sièges à l'avant. A aucun moment, le technicien de ZF y a touché lors de la démo.
A l'avant, le passager peut sélectionner une station. Le véhicule va alors avancer et gagner le prochain stop en mode autonome, en tenant compte des piétons (une traversée a été simulée). Notre véhicule évoluait à basse vitesse, sur un parking aménagé pour les besoins du test à la sortie de la ville, en adoptant un comportement très prudent. Le bruit des transmissions est assez présent et les gestes sont encore brusques pour se déporter et pour les arrêts.
Le bilan ? C'est une vision intéressante. ZF pense que les robots-taxis vont se développer dans des zones restreintes, plutôt urbaines, pour des courses de petite distance.
Il travaille aussi sur sa navette et sur des usages divers qui vont jusqu'au véhicule utilitaire de livraison (pour le dernier km) et le camion.
Le groupe prépare en parallèle l'automatisation des véhicules pour les constructeurs. Ces derniers semblent ne pas vouloir brûler les étapes et passer par la case du niveau 3, au lieu de chercher la rupture comme les nouveaux acteurs de la mobilité. Grâce à son expertise en matière de capteurs, mais aussi grâce à sa plateforme Pro AI, ZF souhaite devenir un fournisseur incontournable. Ce n'est pas pour rien qu'il a décidé d'investir 12 milliards d'euros dans la conduite automatisée et l'électromobilité dans les 5 ans qui viennent...