jeudi 22 novembre 2018

La folie de l'acharnement anti-Diesel (et anti thermique)

Certains médias caricaturent aujourd'hui le mouvement des gilets jaunes en présentant des français "très moyens", tellement abrutis qu'ils roulent au diesel. Comme si tous ces ploucs ne pouvaient pas s'empiffrer de quinoa et aller au boulot comme tout le monde en trottinette (j'ai même lu dans Libé un point de vue qui annonce la fin de l'automobile). Le problème est que tous ces français (car ils viennent de partout et de plusieurs classes sociales) ne comprennent pas pourquoi on s'acharne tellement sur un Diesel qui a été encouragé pendant des années (et qui l'est encore avec une fiscalité basée sur le CO2), et que les pouvoirs publics veulent tuer, alors que la technologie le rend aujourd'hui plus propre que l'essence. Et on rajoute dans l'excès en écartant à terme des millions de français avec les fameuses Zones à Faible Emission (ZFE).


Vous avez dû apprendre, comme moi, que le Diesel sera interdit à terme dans le Grand Paris. Marchant dans les traces d'Anne Hidalgo, qui ne sera peut-être plus là après 2020, les élus du Grand Paris ont prévu de mettre en place à partir de juillet 2019, sur un territoire situé au sein du périmètre de l’A86, qui concerne 79 communes sur les 131 de la MGP (Métropole du Grand Paris), une zone dans laquelle les véhicules les plus polluants ne seront plus les bienvenus. Seront concernés les modèles correspondant à la vignette Crit’Air 5, c’est-à-dire les véhicules diesel immatriculés avant le 31 décembre 2000 et les voitures à essence âgées de plus de 21 ans.

Pour entrer en vigueur, l’interdiction doit faire l’objet de consultations auprès des habitants de chacune des communes et les maires concernés doivent ensuite prendre des arrêtés. Comme à Paris, la MGP veut interdire la circulation de toutes les motorisations diesel, et en 2030 les motorisations essence. Rien que ça.

Je me demande juste comment une ville ou une métropole peut interdire de circulation des véhicules aux dernières normes et homologués comme tels en Europe. Même en Allemagne, où certaines villes ont dû mettre en place des interdictions, suite à des actions en justice, les modèles Euro 6 ne sont pas concernés. Je pense qu'il y aura probablement des procès de la part des industriels, si des véhicules Euro 7 n'ont pas le droit de circuler entre 2024 et 2030. De toute façon, tout cela n'est pas encore voté.

Rappelons que le citoyen a le pouvoir de démettre ceux qu'il a élus et qui ne lui demandent pas son avis.

On marche sur la tête, car les français modestes qu'on encourage à passer à l'électrique (et qui n'en veulent pas, comme une très grande majorité d'automobilistes) sont coincés. Si l'on en croit Le Monde, la prime de conversion favorise surtout l’achat de voitures diesel (47 %) et à essence (46 %), principalement d’occasion (60 %), contre 7 % de véhicules électriques. Il faut en effet rappeler que la prime à la conversion s’applique aussi à l’achat de véhicules d’occasion – classés Crit’Air 2, c’est-à-dire des voitures à essence – immatriculées depuis 2006 – et diesel – en circulation depuis 2011 – à la condition qu’ils n’émettent pas plus de 130 grammes de CO2 par kilomètre.

Conclusion : même en changeant de véhicule, ceux qui profitent de la prime de conversion n'auront de toute façon plus le droit de circuler dans une vaste zone d'ici quelques années. Et pour quel gain ? Il faut rappeler que la pollution de l'air n'est pas seulement d'origine automobile. Les élus devraient se montrer moins extrémistes et arrêter de penser que l'électrique* est la seule option. Cet entêtement pourrait donner naissance à une contestation peut-être plus forte que les gilets jaunes. Car il ne s'agira plus d'un ras-le-bol fiscal, mais d'une sérieuse limitation du droit à la mobilité.

*Il faut aussi avoir en tête que l'industrie automobile est dans le brouillard, car rien ne dit que les clients seront enclins à acheter ces voitures, surtout si les pouvoirs publics n'investissent pas massivement dans une infrastructure de recharge adaptée.