On m'a signalé un article publié sur MSN Autos au Canada, issu de Motor Trend Canada et tiré en fait d'une dépêche de Reuters. Titre : "Les véhicules électriques forcent Hyundai à s’éloigner des piles à combustible". Ah bon ? "L'article" se base sur le fait que Hyundai va augmenter le nombre de ses véhicules électriques à batterie. La conclusion est donc sans appel : cela veut dire que le constructeur laisse tomber, puisque "la voiture électrique devient un élément central de sa stratégie". Et en plus, un chercheur en chef à l'Institut coréen d'économie industrielle et du commerce (le boulanger du coin n'était pas libre ?) affirme que la pile à combustible ne sera pas rentable avant 2035. Sinon, pour ceux qui ont un cerveau et savent lire, il suffit de parcourir le site média de Hyundai (en accès libre) pour constater que le constructeur accélère au contraire sur l'hydrogène. Il va sortir un SUV en 2018, comme cela a été annoncé le 17 août, et annonce qu'il travaille à la démocratisation de cette technologie. Un peu plus tôt, sa filiale Hyundai Mobis avait annoncé son projet d'usine pour produire en masse les composants pour les futurs véhicules à pile à combustible.
Pour un constructeur qui "s'éloigne de l'hydrogène", il y a comme qui dirait un peu d'incohérence. Je remarque que les sites Internet avaient réagi de la même façon, quand Toyota a dit qu'il allait se lancer AUSSI dans l'électrique à batterie. Tous les moutons de Panurge ont écrit que la marque abandonnait l'hydrogène. Sauf que ce n'est pas du tout le cas et que Toyota, tout comme Honda, vont au contraire mettre le paquet sur l'hydrogène en vue des JO de 2020 à Tokyo. Le Japon a pour ambition d'ailleurs de devenir une société de l'hydrogène : c'est un enjeu national.
En fait, on a le sentiment que certains prennent leurs désirs pour des réalités. Les militants et le lobby des fabricants de bornes aimeraient faire croire qu'il n'y a qu'une solution, l'électrique à batterie. Or, le véhicule à hydrogène est aussi un véhicule électrique. On dirait que les neuneus du web (n'importe quel bouffon peut écrire aujourd'hui, hélas) ont du mal à comprendre que le futur passera par de la batterie ET de la pile à combustible, et allez savoir peut-être même de l'hybride, avec toujours un peu d'essence et de Diesel, nappés de carburants synthétiques ou bio.
Autre exemple de "putaclic" : l'annonce de Volvo qui va intégrer un moteur électrique à chaque modèle. C'est devenu "Volvo se met au vert", ou "Volvo à fond dans l'électrique" alors que les modèles 100 % électriques ne représenteront qu'une infime fraction....
Parlons un peu également de la voiture autonome, c'est du même niveau intellectuel. Beaucoup de gens sont persuadés qu'Apple et Google sont les champions du monde, avec éventuellement un peu derrière Tesla, voire Uber. Les autres ont intérêt à fermer boutique vite fait. Rappelons juste que Google, qui fait rouler ses voitures (la petite Firefly et désormais des vans Chrysler Pacifica) uniquement dans des endroits où il fait beau, s'est rendu compte qu'il ne pourrait pas faire une voiture complète. Du coup, il veut se positionner sur le logiciel. C'est ce que font déjà les équipementiers automobiles (Bosch, Conti, Valeo, ZF...) avec une techno qui n'a rien à leur envier. Quant à Apple, c'est magnifique. Les papiers ne se basent que sur des rumeurs (il paraît que..., machin aurait dit ça...). En gros, après l'enthousiasme des geeks sur le fameux projet Titan, plein d'ingénieurs seraient partis, Apple serait en retard sur Google*, voire terriblement en retard sur tout le monde, et en fait ils vont d'abord faire un bus autonome pour transporter leurs employés sur le nouveau siège Infinite Loop.
Bref, on ne sait rien, mais on vous dira tout. Le plus drôle, c'est qu'Apple ne dit pas un mot sur le sujet. Dans une interview accordée à Bloomberg en juin, Tim Cook confirme juste que sa firme travaille "sur les systèmes autonomes" et que "c'est la mère de tous les projets sur l'intelligence artificielle". Sinon, Tim nous dit que, en plus de l'automatisation, "conduire une voiture électrique, c'est une expérience incroyable" et que l'on peut transporter "plusieurs personnes en faisant du covoiturage". Il n'en fallait pas plus pour vendre un papier où Apple expose enfin sa stratégie.
Le problème est que les articles "putaclic" sont lus massivement. Or, le buzz rend con.
*Google a entamé son projet en 2009 et a parcouru plus de 2 millions de miles. Il y a aussi de vrais développement techniques (reconnaissance des sons des véhicules d'urgence, perception des signes des agents de polices, écart de trajectoire en cas de présence d'un cycliste...)
