Laissons aux blogueurs et aux geeks Google et Apple. Je préfère, en ce qui me concerne, vous parler d'une société qui monte en puissance dans l'automobile : Intel. Hé oui : le premier fabricant mondial de semi-conducteurs, né en 1968, est devenu un pilier de la voiture connectée et autonome. Pourquoi ? Parce qu'il maîtrise le Car to Cloud et qu'il a su investir dans les deux domaines clés qui accompagnent cette révolution : la vision artificielle et la cartographie.
Comme vous le savez sans doute, Intel a déboursé 15 milliards de dollars pour racheter Mobileye, l'expert israélien de la vision artificielle. Le fabricant de caméras, qui a par ailleurs une expertise dans le traitement d'images et l'intelligence artificielle, est désormais une filiale de la société américaine. Les experts de l'Automated Driving Group (ADG) d'Intel et ceux de Mobileye vont travailler mains dans la main dans le développement de la vision informatique, de l'apprentissage automatique, de l'analyse de données et de la cartographie pour les systèmes avancés d'assistance au conducteur et pour la conduite autonome. En mettant la main sur Mobileye, qui avait noué des partenariats avec plusieurs constructeurs, le roi de la puce récupère au passage de précieux contrats.
Intel a eu également l'intelligence de prendre 15 % du capital de HERE, le leader de la cartographie numérique dans l'automobile. L'ancienne filiale de Nokia, sauvée des prédateurs de la nouvelle économie par Audi, BMW et Daimler, va jouer un rôle essentiel pour le développement de la voiture connectée et autonome.
C'est en haut de cet édifice qu'intervient le Car to Cloud. Une telle architecture est capitale pour assurer la récolte et le traitement des données. Intel va pouvoir gérer le stockage et l'analyse des données issues des véhicules, en particulier celles renvoyées par les caméras et qui serviront à assurer en temps réel la mise à jour des futures cartes pour le guidage des voitures autonomes. On parle beaucoup d'infrastructures connectées, mais sans attendre que cela arrive, l'industrie automobile pourra bénéficier d'un réseau virtuel, reliant les véhicules à des data centers.
Et puis, Intel compte bien utiliser la puissance de calcul de ses puces (c'est l'inventeur du tout premier micro-processeur) pour développer l'intelligence artificielle à bord des véhicules. Précisons au passage que l'américain a racheté il y a déjà plusieurs années des sociétés qui vont lui permettre d'offrir une solution globale dans l'électronique automobile (Infineon), la connectivité (Windriver) et la cybersécurité (McAfee).
Bien sûr, Intel n'a pas le monopole du cloud (face à Microsoft par exemple), ni celui de l'intelligence artificielle (face à NVIDIA), mais l'américain a bien des atouts à faire valoir pour convaincre les constructeurs. Rappelons que BMW travaille avec lui afin de développer une voiture autonome de niveau 4 à l'horizon 2021.