vendredi 21 septembre 2018

PSA et l'hybride rechargeable : un pari industriel à risque limité

Le jour où Peugeot a dévoilé les images de son concept e-Legend du Mondial de l'Auto, c'est à dire hier, le groupe PSA avait choisi de convier la presse à Sochaux, afin de présenter sa stratégie en matière d'hybride rechargeable. Il a été à la fois question de plan produit, mais aussi d'assemblage de ces composants avec une intégration "plug and  play" qui permet de s'adapter très vite à la demande.




Ainsi donc, PSA prévoit dès l'année prochaine de lancer une version électrifiée de chaque nouveau modèle  C'est à dire qu'il y aura une version hybride rechargeable ou 100 % électrique, en plus de l'offre thermique. Et en 2025, ce sera le cas de 100 % de la gamme.


Pour ce faire, le groupe s'appuie sur deux plateformes : la CMP et l'EMP2. La première permet de faire des véhicules électriques du segment B (futures Peugeot 208 et Opel Corsa électriques), la seconde de faire de l'hybride rechargeable pour les segments C et D.


Le tout premier véhicule à proposer le "plug in" sera la DS7 Crossback. L'échéance est fixée à septembre 2019. Pour le SUV haut de gamme, qui se déclinera en version e-Tense 4X4, PSA a choisi d'associer le moteur 1,6 L THP de 200 ch avec deux moteurs électriques (un à l'avant de 110 ch d'origine Aisin, le second à l'arrière d'origine GKN-Valeo de 110 ch également). La DS7 verra donc sa puissance culminer à 300 ch. Et malgré cette cavalerie, la consommation sera limitée à 2,2 L/100 km (- 40 % par rapport au thermique) pour 49 g de CO2 par km. Ces valeurs sont issues du protocole WLTP, tout comme l'autonomie de la batterie qui est de 50 km.


L'offre du groupe en hybride rechargeable prévoit aussi une version plus simple, avec un seul moteur électrique de 110 ch en association avec le 1,6 L de 180 ch. Dans ce cas, la puissance se limite à 225 ch. C'est ce qui sera proposé sur la Peugeot 508 et la Citroën C5 Aircross.


A noter que Peugeot et Citroën révèleront au Mondial quel label ils vont attribuer à leurs modèles hybrides rechargeables. Outre la DS7, la 508 et l'Aircross, le 3008 et l'Opel Grandland X sont concernés par cette forme d'électrification. La road map de PSA prévoit 8 modèles plug in d'ici 2021, contre 7 modèles 100 % électriques.

Dans les deux cas, la transmission retenue est la fameuse boîte automatique à 8 rapports (EAT8) d'Aisin. Il est à noter que l'offre de base avec batterie de 12 kWh représente un surpoids de 240 kg et que celle en 4X4 (avec une batterie de 13 kWh) ajoute 80 kilos sur la balance.


La grande force de PSA est d'avoir prévu dès le départ des plateformes multi-énergies, et non des plateformes dédiées comme l'ont prévu quelques constructeurs (groupe VW, Audi-Porsche). Cela présente un intérêt non négligeable : celui de pouvoir assembler sur une même ligne de montage des versions thermiques, hybrides rechargeables ou électriques selon les modèles. La répartition des composants a été pensée de telle façon que la chaîne de traction vient trouver sa place presque automatiquement, lors de la procédure de coiffage (intégration de la base roulante à la carrosserie).


Le process ne prend pas plus de temps qu'avec une version thermique. Il y a bien sûr quelques différences (un réservoir plus petit sur la DS7, qui passe de 52 à 43 litres, une autre trappe pour la prise de recharge électrique). Tout a été conçu de façon à ce que le client ne perçoive pas la différence. D'ailleurs, PSA a pris soin de proposer la même habitabilité que dans une version thermique, ce que nous avons pu constater au niveau du volume du coffre sur la DS7.


C'est plutôt bien vu, au niveau de l'approche, car le groupe peut ainsi adapter la production par rapport à la demande. Lors d'une présentation que j'ai trouvée très optimiste, il a été question d'une multiplication par 10 des volumes de véhicules électrifiés d'ici 2025. Certes, l'Europe pousse en ce sens et les villes aussi. Toutefois, on ne voit pas venir des plans massifs d'installation de bornes, qui seront nécessaires pour recharger tous ces véhicules.

PSA a également émis le souhait que les hybrides rechargeables bénéficient d'une aide à l'achat (cela a été le cas à une époque, plus aujourd'hui, mais comme les français vont se lancer sur ce marché…).


Conclusion : si le marché s'emballe, le groupe pourra sans problème produire des versions hybrides rechargeables. C'est d'ailleurs une alternative pour les SUV qui jusqu'à présent se vendaient en Diesel. Et si les clients n'en veulent pas, cela ne pénalisera pas les lignes de montage qui pourront continuer à fabriquer des modèles à motorisation thermique.

Le groupe a précisé que la décision de lancer en 2019 des hybrides "plug in" a été prise il y a quelques années, bien avant le Dieselgate. Finalement, PSA se lance au bon moment….