vendredi 7 septembre 2018

Simulation : bien des challenges pour le véhicule autonome

Depuis mercredi et jusqu'à ce soir, j'assiste à l'édition 2018 de la Driving Simulation Conference (DSC), un événement international qui porte sur la simulation dans le domaine du véhicule autonome et qui se déroule à Antibes. J'avais assisté à la même conférence il y a un an à Stuttgart. Depuis, les constructeurs et les différents acteurs ont pris conscience de l'importance de ces outils de réalité virtuelle pour accélérer la mise au point des futurs véhicules hautement automatisés. Et ils amplifient leurs efforts.


Avant de vous raconter ce que j'ai appris, un mot sur le lieu. Le choix de la Côte d'Azur n'est pas un hasard. Celle-ci abrite en fait tout un écosystème autour du véhicule intelligent et de la Smart City. J'y consacrerai d'ailleurs un post lundi prochain. Mais, je voulais juste signaler que le département tout proche du Var abrite le siège d'Optis, l'une des pépites françaises en matière de simulation. Depuis quelques mois, l'entreprise a rejoint le giron du groupe américain Ansys et est donc devenue un acteur incontournable pour la simulation des futurs véhicules autonomes.


L'intérêt de ce genre de conférences, c'est qu'on peut y entendre des représentants de plusieurs constructeurs (BMW, Ford, Renault). Ce que j'en retiens, c'est qu'il va être compliqué de simuler plusieurs milliards de km pour la mise au point de chaque modèle. En revanche, une partie de l'industrie semble s'entendre sur un objectif de 500 millions de km. Ces essais virtuels permettront de dégrossir le travail, sachant que les constructeurs devront quand même réaliser des essais physiques sur 2,5 millions de km.


La volonté des acteurs de l'automobile est également de faire converger les standards, de façon à ce que tout le monde puisse travailler avec des règles équivalentes. J'ai ainsi appris qu'il y avait plusieurs initiatives autour de la simulation des véhicules, des routes et des cartes qui vont avec. Il y a par exemple Open Drive (réseaux routiers), Open CRG (fichiers open source sur la surface des routes), Open Scenario (contenus dynamiques), mais aussi Navigation Data Standard (données liées aux cartes), l'Open Simulation Interface (OSI, liée au projet Pegasus sur le véhicule autonome en Allemagne) et enfin l'ASAM (Association for standardization of automation and measuring systems). Cette dernière rassemble 200 membres, dont PSA pour les constructeurs.


Les outils de simulation peuvent aider à répéter des cas de figure qu'il serait difficile de reproduire dans la vie réelle. Ils s'appuient sur les ordinateurs à forte capacité (HPC : high performance computers), des systèmes qui mettent le conducteur dans le boucle (DIL : driver in the loop) et la réalité augmentée.


La conférence a permis aussi de faire le point sur les gros simulateurs motorisés. Renault a ainsi reparlé de son projet ROADS, qui va se concrétiser vers 2020. En marge de la conférence, j'ai entendu parler de la refonte du centre de simulation de BMW, qui va être aménagé à Munich pour un budget de 100 millions d'euros. Il va y  avoir 14 simulateurs, dont deux gros. Le français AV Simulation (co-entreprise entre Renault et Oktal, acteur historique de la simulation automobile) est associé à ce projet. Sur l'expo de la conférence, j'ai pu constater que la même entreprise travaille aussi avec Bosch, ou plus exactement avec sa filiale Rexroth. C'est un gros du secteur qui a notamment développé le simulateur Ultimate pour Renault, il y a déjà 15 ans

Et qui sera le prochain gros à se lancer dans des simulateurs de nouvelle génération ? Ford ? Toyota ? Daimler ?


Le virtuel, c'est bien. Mais, il y a aussi des problèmes inhérents à la technologie. Les outils de simulation ont en effet tendance à provoquer des nausées. C'est comme ça : il y a des gens qui ne supportent ni la 3D, ni les casques de réalité virtuelle. Et les simulateurs, cela rend aussi malade. On a eu droit à un exposé très intéressant du TNO (un institut de recherche néerlandais, qui a expliqué les raisons physiques. C'est lié aux organes comme l'oreille interne. Le cerveau a du mal à interpréter des mouvements que les yeux perçoivent, alors que le corps ne bouge pas. Il faudrait arriver à apporter une réponse naturelle à des stimuli qui ne le sont pas. Pas simple. Mais, des vibrations pourraient aider à atténuer les effets.

En attendant, il y a du souci à se faire. Comme nous allons tous devenir à terme des passagers passifs dans les véhicules autonomes, nous risquons à ce titre de devenir malades. A moins que la simulation ne permette justement de trouver des solutions pour ne pas tâcher de vomi les sièges…

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