"Les systèmes d’aide à la conduite des véhicules partiellement automatisés sont souvent performants, mais ils ont encore du mal à reconnaître l’environnement et sont très loin d'être autonomes", selon une étude de la Fondation Maif et du centre d’essais UTAC-CERAM. Les deux partenaires ont testé pendant 18 mois neuf véhicules de marque Volvo, Audi, Tesla, BMW et Mercedes, déjà sur le marché. J'avais déjà évoqué sur ce blog l'étude, car elle avait été annoncée dans le cadre d'une journée consacrée à la voiture autonome dans les locaux de la Sécurité Routière, il y a quelques mois. Et c'est du pain bénit pour imposer des mesures comme le 80 km/h, plutôt que de miser sur l'intelligence. Si le but était de décrédibiliser ce que fait l'industrie automobile, bravo. Mission accomplie. Sauf que tester des aides à la conduite de niveau 2 avec la même exigence que pour une voiture autonome, cela revient à mesurer les émissions réelles de véhicules Diesel qui ont été conçus pour atteindre les seuils requis uniquement en laboratoire (parce que c'était la réglementation à l'époque). Après, c'est facile de critiquer.
Lors d'un congrès SIA URF sur le véhicule autonome, tout récemment, j'ai expliqué la situation à Alain Piperno, de l'UTAC-CERAM. Je lui ai indiqué que les capteurs ne seront pas les mêmes pour atteindre le niveau 3 et 4 , car il y aura de la redondance. L'IHM ne sera pas le même, les logiciels non plus et il y aura une intelligence artificielle. Et je ne parle même pas des cartes HD qui ne seront pas les mêmes qu'aujourd'hui, ni de la communication entre véhicules et avec l'infrastructure. Bref, c'est comme si on demandait à un joueur de foot de 3ème division d'entrer sur la pelouse pour une finale de coupe du monde. Le niveau 2, c'est une première approche très partielle de l'automatisation et le conducteur est censé rester concentré, comme pour le niveau 3 d'ailleurs.
Alors, que dit l'étude ?
"Les fonctions d’aide à la conduite peuvent atténuer les effets liés au manque de vigilance du conducteur, de même qu’elles contribuent au confort et diminuent la fatigue", reconnaissent les deux partenaires. Les tests menés par la Fondation Maif et l’Utac-Ceram ont toutefois mis en évidence "des failles encore trop nombreuses". Ils citent d’abord la possible perturbation des véhicules par les conditions extérieures (pluie, brouillard, éblouissement, luminosité, etc.), et des difficultés à lire la signalisation. "Les véhicules ne s’adaptent pas encore aux panneaux stops, aux panneaux de priorité, aux feux tricolores, aux ronds-points, aux péages ou aux zones de travaux, ils peuvent de plus être perturbés par des lignes de marquages au sol dégradées ou effacées", soulignent-ils. En cas de problème, les alertes de reprise en main du véhicule sont plus ou moins explicites selon les constructeurs, tardives ou erratiques. "Le conducteur ne sait pas toujours si le système continue de l’assister ou non",
constatent-ils, inquiets, entre autres des problèmes d’insertion cités.
Tout ceci est vrai. Mais, encore une fois, ce qui a été testé ce sont des systèmes de niveau 2, avec leurs défauts. Les vraies voitures autonomes coûteront plusieurs milliers d'euros de plus. Si je fais un parallèle avec le Diesel, on pourrait aussi faire beaucoup mieux mais avec de l'argent en plus. Et le client ne serait pas d'accord.
Mais surtout, la voiture autonome n'est pas encore là. Pas plus chez Tesla que les autres.
Et la conclusion ? "Les aides à la conduite embarquées dans ces voitures haut de gamme […] éviteront sans nul doute de nombreux accidents", prévoit le directeur général de la Fondation Maif, Marc Rigolot. Mais, "leur efficacité pourrait générer sur-confiance et hypovigilance de la part du conducteur, qui abandonnerait ainsi la supervision, ce qui serait de nature à provoquer des accidents d’un genre nouveau", prévient-il. C'est le discours que relaie aussi la Prévention Routière.
Autant je suis d'accord avec le fait qu'il ne faut pas survendre l'automatisation, autant je dénonce cette pseudo-étude. Auto Plus aurait pu faire la même chose. Et sans faire avancer plus le Schmilblick.