Si d'aucuns pensent d'abord à Uber, Didi Chuxing et éventuellement des constructeurs automobiles comme Daimler, les mieux placés pour faire de la mobilité autonome seront peut-être tout simplement les acteurs du transport public. Ils savent ce qu'est le service aux voyageurs et ont déjà mis en service des modes de déplacement autonomes (comme le métro par exemple). On sait que Transdev est en lice pour proposer des services (comme le transport à la demande en banlieue de Rouen à la rentrée), mais il faut compter aussi avec Keolis, qui mise sur la mobilité partagée et autonome.
Le groupe mène plusieurs expérimentations de navettes autonomes et, à moyen terme, table sur l’apparition de « robots-taxis » (ou taxis sans chauffeur) que plusieurs clients partageraient sur un même trajet. « C’est le schéma qui semble le plus susceptible d’avoir un modèle économique, et le seul qui puisse avoir un impact pour diminuer la circulation dans les centres-villes », estime le président de Keolis, Jean-Pierre Farandou. « Nous ambitionnons donc de devenir opérateur de robots-taxis dans toutes les villes où nous sommes déjà présents, et de le proposer comme un mode de transport supplémentaire », ajoute-t-il. Pour cela, Keolis a pris des participations qualifiées de « stratégiques » dans deux jeunes pousses : Navya (dont on parlait hier), et Via, qui a conçu un logiciel pour optimiser les trajets des véhicules partagés (logiciel déjà utilisé par LeCab, la plateforme VTC du groupe).
Cet appétit des transporteurs se mesure aussi à l'étranger. Ainsi, la Deutsche Bahn (équivalent allemand de la SNCF) réfléchit également à un service de navettes effectuant des trajets « porte à porte ». La DB n'entend pas rester immobile face à la concurrence de nouveaux acteurs, tels qu’Uber, Google ou encore Volkswagen (avec sa filiale Moia, dédiée à la mobilité). A terme, l’entreprise allemande veut proposer une plateforme complète dédiée à la mobilité, qui regroupera des services de taxis, d’autopartage, de location de vélos, de bus et de train, et ce au niveau européen. La Deutsche Bahn va donc présenter – via sa filiale Ioki – un projet pilote à Hambourg, qui permettra de réserver via une application un service de navette qui passera chercher le consommateur à domicile pour l’amener à destination. L’objectif est de maintenir le coût de ce service à un niveau équivalent à celui des transports en commun. Les trajets similaires seront regroupés.