Hier, c'était l'AG de l'AFHYPAC, l'association française de l'hydrogène et de la pile à combustible. A cette occasion, j'ai animé des conférences qui ont permis à des acteurs (pouvoirs publics, industriels et autres) de donner leur avis sur ce vecteur d'énergie, de plus en plus présent dans l'actualité. Il a par exemple été dit par une représentante de la DGEC* que l'hydrogène était remonté dans la liste des priorités au sein de l'exécutif. Le Président Macron l'a évoqué en présentant la stratégie climat de la France et il a été cité également en exemple par le Premier Ministre, au sein du Conseil National de l'Industrie, lors de l'installation du Comité Stratégique de Filière Nouveaux Systèmes Energétiques.
Même si les moyens ne sont pas forcément à la hauteur, et malgré le départ de Nicolas Hulot, l'Etat réaffirme donc son intérêt pour cette forme d'électrification. Et il n'a pas tort car, qu'on y croire ou non, l'hydrogène a largement dépassé le stade de l'expérimentation. Il est en train de se déployer dans ce qu'on appelle la mobilité lourde : c'est à dire les bus par exemple. Et demain, ce sera le tour des camions (Symbio a des demandes pour des range extender dans le PL, Hyundai va attaquer le marché suisse et Nikola Motor prépare un camion H2 pour l'Europe).
L'autre gros sujet du moment est le train à hydrogène. Depuis qu'Alstom a livré des trains qui ont été mis en exploitation commerciale (pas en test) en Allemagne, la France veut rattraper son retard. Et suite au rapport du député Benoît Simian, qui recommande chaudement au gouvernement d'y aller pour sortir du Diesel, les régions veulent commander des trains.
Et l'auto ? Si les constructeurs français restent réservés sur la question (sauf PSA, qui a décidé d'y aller pour les utilitaires), les asiatiques y vont franchement. Ainsi, la flotte des taxis Hype à Paris a déjà près de 180 véhicules. Leur nombre augmente si sensiblement que les stations mises en place par Air Liquide ont pour le moment du mal à fournir.
La bonne nouvelle, dans tout ça, c'est que les collectivités réfléchissent à la mutualisation des points de ravitaillement. Si demain des stations vont s'avérer nécessaires pour ravitailler par exemple les trains, ces mêmes stations pourraient très bien au passage contribuer à alimenter des bus, d'autres véhicules (utilitaires, taxis) et pourquoi pas…. des bateaux. Car finalement, ce sont plusieurs modes de transport qui pourraient demain recourir à l'hydrogène pour consommer et polluer moins.
Et la production ? Une idée reçue consiste à dire que l'hydrogène est issu d'hydrocarbures et que ça consomme beaucoup d'énergie. Sauf que la tendance est de le produire par électrolyse de l'eau, à partir d'une électricité décarbonée (par exemple sur le campus de Minatec à Greoble, avec ENGIE Cofely). Et dans certains cas, c'est l'hydrogène issu de transformations chimiques (qui, bien que moins vert), pourrait être récupéré pour servir en circuit court dans une station à proximité d'une usine.
Il existe bien sur des détracteurs qui croient davantage à l'électrique à batterie. Ils ont le droit de le penser. Mais, leurs arguments anti-hydrogène deviennent franchement ridicules.
*Direction Générale de l'Energie et du Climat au Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire