Même si la colère des gilets jaunes va bien au-delà de la simple taxation (écologique ou non) des carburants, il n'est pas inutile de s'interroger sur la réponse des pouvoirs publics. Leur volonté, comme d'ailleurs bon nombre d'acteurs politiques, est de pousser un maximum en faveur de la voiture électrique. Et c'est aussi ce que souhaite l'Europe. Le problème, c'est que pendant encore de longues années, ce type de véhicule va rester plus cher que le thermique et on se dirige sans doute vers une impasse.
Le contexte actuel est très difficile pour l'industrie automobile. Les constructeurs, qui ne juraient que par le Diesel, jusqu'à l'affaire Volkswagen, sont obligés de bouleverser leurs plans pour échapper aux amendes qui leur pendent au nez d'ici 2021 (avec les 95 g de CO2 par km). Et c'est la panique chez les marques qui vendaient 80 % de leurs véhicules en Diesel. Il leur faut des modèles hybrides dès 2019 pour que les ventes de 2020 entrent dans les statistiques. Quant aux équipementiers, qui ont beaucoup de travail en ce moment, ils essaient d'apporter des solutions au meilleur coût.
Or, le problème c'est que le véhicule 100 % électrique coûte encore trop cher. Et, même si les batteries sont amenés à voir les prix baisser (sous la barre des 100 $ le kWh), il y a un surcoût qui reste important, malgré les aides (qui ne seront pas éternelles).
Une première solution est de proposer le mild hybrid avec un système 48 volts. Cela permet d'abaisser la consommation des véhicules à essence au même niveau que le Diesel. Le gain est limité sur le CO2, mais c'est toujours ça de pris et c'est transparent pour le client.
L'hybride rechargeable est considérée comme une solution intéressante, mais chère. Il suffit de regarder le prix de ces véhicules, qui sont en général des berlines et des SUV. Ce n'est pas tout à fait la réponse pour répondre aux gilets jaunes les plus démunis.
Quant au véhicule 100 % électrique, il reste très minoritaire. Il ne pèse que 1,3 % du marché sur 11 mois en France. Certes, en novembre le VE a dépassé la barre historique des 2 %, mais comme Renault et PSA ont immatriculé beaucoup de véhicules pour remplacer les Bluecar d'Autolib' à Paris, il faut se méfier des feux de paille. Le fait est que l'électrique reste très marginal et ne permet de pas de traverser la France en toute quiétude (à moins d'avoir beaucoup de temps à perdre pour faire les recharges). Le temps pour refaire le plein reste le principal problème et il est loin d'être résolu. N'oublions pas que les recharges en 15 mn ne seront possibles qu'avec des bornes Ionity à 350 kW et une batterie de 800 v comme sur la Porsche Taycan qui sortira d'ici 2020.
Et pour le moment, l'hydrogène est encore plus inabordable, avec une offre très limitée qui situe le ticket d'entrée à partir de 66 000 euros dans le meilleur des cas et avec très peu de pompes.
Bref, la mobilité va devenir plus compliquée. Et seuls les plus riches* pourront se déplacer sans trop d'encombres. Pour les autres, il faudra prévoir les ZFE (Zones à Faibles Emissions) et des carburants dont la taxation restera élevée.
*Selon une enquête réalisée en ligne pour l'Observatoire Cetelem de l'automobile auprès de 10 600 personnes de 16 pays, 73 % des personnes interrogées pensent que posséder une voiture électrique coûte plus cher.