vendredi 29 mai 2020

Renault et Nissan doivent se réinventer

Peu de temps après l'annonce de la nouvelle stratégie de l'alliance, et au lendemain du plan de Nissan, dont je parle un peu plus bas, c'est donc au tour de la marque au losange de révéler ses plans. C'est brutal, avec 15 000 suppressions de postes, dont 4 600 en France. Mais c'est un mal nécessaire, car Renault va produire moins de voitures d'ici 2024, passant de 4 millions en 2019 à 3,3 millions en 2024. Et c'est pareil pour Nissan qui va réduire de 20 % la production et se recentrer sur le Japon, la Chine et l'Amérique.

Avec des produits qui seront de plus en plus standardisés, et avec une montée en puissance du véhicule électrique au détriment du thermique, le constructeur français doit réorganiser ses usines. Celle de Flins en région parisienne va par exemple se recentrer sur l’économie circulaire. Une réflexion est engagée sur le site de Dieppe qui assemble des Alpine, tout comme pour la fonderie de Bretagne près de Lorient. Sinon, les sites de Douai et de Maubeuge dans le nord vont faire des véhicules électriques et des utilitaires.

Renault va globalement produire moins de voitures et intégrer la technologie 4.0 dans ses usines pour les rendre plus performantes. Et il va aussi faire des économies sur la recherche (concentration du développement des technologies stratégiques à forte valeur ajoutée dans les sites d’ingénierie d’Ile-de-France, optimisation de l’utilisation des centres de R&D à l’étranger et de la sous-traitance, utilisation accrue du numérique pour la validation).

Du côté de Nissan, l'objectif est de vendre 1 million de véhicules électrifiés par an d'ici 2024 (avec une part de 60 % au Japon, en comptant à la fois les modèles 100 % électriques et les modèles e-Power). La marque japonaise veut par ailleurs pousser la technologie ProPilot sur 1,5 million de véhicules d'ici 2024 (sur 20 modèles supplémentaires).

A noter que Nissan ferme son usine de Barcelone.

20 ans après la naissance de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, l'heure est venue de standardiser au maximum les produits et de dépenser au plus juste. On verra si la créativité demeure malgré tout au rendez-vous.

Et pendant ce temps, Volkswagen et Ford accélèrent dans leur coopération. Ainsi, la Plateforme Modulaire Électrique (MEB) de Volkswagen sera utilisée par Ford pour un véhicule électrique en Europe. Un pick-up de taille moyenne sera développé par Ford et adapté par Volkswagen Véhicules Utilitaires sur certains marchés. Deux autres projets de véhicules sont prévus : Volkswagen Véhicules Utilitaires sera responsable du développement d’un fourgon de livraison urbaine, tandis que Ford supervisera la planification d’un fourgon sur le segment des utilitaires d’une tonne de charge utile. D’autres projets pourraient suivre, tout comme l’investissement dans Argo AI, société spécialisée dans l'intégration d’intelligence artificielle dans des véhicules autonomes.

Avec cette coopération, les deux constructeurs espèrent réaliser des synergies substantielles en termes de coûts de développement ainsi qu’au niveau de la production.