samedi 3 février 2018

Infrastructures : l'entretien des routes enfin pris en compte

Le Conseil d'Orientation des Infrastructures, présidé par Philippe Duron, a remis son rapport à la ministre des Transports Elisabeth Borne. Il entend apporter une réponse aux mobilités du quotidien, sous le titre "répondre aux urgences et préparer l'avenir". Les 16 experts qui ont préparé ce document ont examiné les projets prévus pour les 20 prochaines années et ont conclu que, sans financements publics supplémentaires, tous ne verront pas le jour. Ce sera le cas par exemple a priori du projet de liaison autoroutière A45 entre Lyon et Saint-Etienne, le Conseil estimant qu'il faut mener d'abord une réflexion intermodale. Par contre, l'ambition est bien de moderniser le réseau de transports, y compris la route.

Le rapport préconise ainsi d'accroître de 300 M€/an pendant dix ans les crédits pour l’entretien et la modernisation des routes nationales non concédées et des voies navigables. C'est plutôt une bonne nouvelle, car la part de l'Etat a tendance à baisser. A ce propos, le rapport préconise d'augmenter la part de la TICPE (les taxes sur les carburants), ce qui serait le plus sûr (et le plus juste moyen) de dégager des ressources que paient déjà les usagers. Si l'Etat s'y refuse, il faudra alors passer par de nouvelles formes de péage selon le principe pollueur-payeur, visant les camions (retour d'une écotaxe ?) et les utilitaires. On note également le souhait d'engager 200 M€/an d’euros pendant dix ans de crédits de l’Etat pour mettre en œuvre un programme ambitieux d’amélioration de la qualité de la desserte routière nationale des territoires enclavés. Ce serait donc plus du double du rythme actuel.

Ici s'arrêtent les bonnes nouvelles pour la mobilité routière.

Le Conseil érige en effet la transition énergétique comme priorité, ce qui veut dire concrètement : renforcer l'interdiction de circulation des véhicules polluants en milieu urbain, lutter contre l’autosolisme et privilégier l’usage collectif des infrastructures routières. Cela veut dire des voies réservées pour le covoiturage et un probable péage urbain pour ceux qui se retrouvent seuls dans leur véhicule.

Le rapport propose de consacrer plus d’un milliard d’euros d’engagements en cinq ans pour accompagner les autorités organisatrices dans les mutations des mobilités du quotidien. Cette somme serait ainsi ventilée : 800 M€ à titre indicatif pour développer les pôles d’échanges multimodaux et les transports en commun ; 400 M€ à titre indicatif pour faciliter les cheminements pour les modes actifs, notamment la marche à pied et le vélo ; 200 M€ à titre indicatif pour accompagner les innovations de la transition énergétique, les nouveaux services de mobilité et les véhicules autonomes. Le véhicule autonome est vu par les experts comme un mode de transport complémentaire, en alternative aux transports en commun classiques. Il pourrait jouer ce rôle en milieu rural, à la place d'emprises ferroviaires peu fréquentées qui seraient alors reconverties.

Voici des bases sur lesquelles doit se prononcer la ministre.