mercredi 10 août 2016

Expérimentation des véhicules autonomes : ce que ça va changer

Pour avoir répondu à quelques interviews sur le sujet, notamment sur RTL, France Info et RMC, la semaine dernière, je peux me permettre de revenir sur le projet d’ordonnance pour faciliter les expérimentations des véhicules autonomes. C’est une disposition prévue dans l’article 37 de la loi de transition énergétique. Elle vise à "permettre la circulation sur la voie publique de véhicules à délégation partielle ou totale de conduite, qu'il s'agisse de voitures particulières, de véhicules de transport de marchandises ou de véhicules de transport de personnes, à des fins expérimentales, dans des conditions assurant la sécurité de tous les usagers [...] ». Même si des dérogations étaient déjà accordées depuis un an, le gouvernement a donc fixé un cadre juridique adéquat.

C'est même une première en Europe, puisque - à ma connaissance - les autres pays d'Europe n'ont pas encore pris de mesures à l'échelle nationale. L'Allemagne concentre par exemple les tests sur l'autoroute A9, dans la région de Munich. On pourrait presque parler de première mondiale, dans la mesure où, même aux Etats-Unis, le cadre n'existe pas encore à l'échelle du pays. Ségolène Royal a beau jeu de proclamer que ce texte permet à la France d’être reconnue comme une terre d’expérimentation du véhicule autonome, un centre d’excellence de l’intelligence embarquée et un leader en sécurité des systèmes complexes, afin de préparer les nouvelles mobilités de demain.

Le fait est que cette ordonnance s’inscrit dans la feuille de route du plan industriel « Véhicule Autonome » de la Nouvelle France Industrielle. Les acteurs de la filière en avaient besoin pour engranger de l'expérience dans le monde réel. Même si les constructeurs et les équipementiers (dont Valeo) avaient déjà pris les devants, l'ordonnance va faciliter l'expérimentation des futurs véhicules à délégation de conduite. Il y a d'une part les voitures, mais aussi les navettes autonomes. On devrait donc voir naître des projets, comme autour de Versailles-Satory, avec du transport à la demande complémentaire des transports en commun, avec VEDECOM, ou encore à Rambouillet dans le cadre d'un consortium.

La RATP s'intéresse par exemple au véhicule autonome et va donc pouvoir tester elle aussi ce nouveau concept de mobilité.

Pour une fois, la France n'est pas en retard. Elle a même une carte à jouer. Je ne serais pas surpris de voir des acteurs étrangers profiter de l'adaptation du cadre juridique pour tester de nouvelles solutions. Et pourquoi pas un taxi sans chauffeur* ?

*Ce serait bien, mais je pense que les taxis français, déjà passablement énervés par les VTC, seraient capables de bloquer ce genre d'initiatives.