vendredi 26 août 2016

Parlez-vous le langage start-up ?

Depuis quelque temps, j'assiste à une curieuse dérive. On a tendance à stariser des start-up qui forcément "disruptent"* et "cassent les codes" par rapport au monde figé de l'automobile. Ces nouveaux acteurs arrivent à générer de la copie (surtout sur le web), alors que leur produit est encore en développement et propose souvent des fonctions qui existent déjà.


Je pourrais citer bien des exemples, en particulier avec l'adaptateur sur prise OBD qui rend comme par magie la voiture connectée. Avec 10 ans de retard sur les USA, on nous promet des services comme l'éco conduite et le partage** de performances (vous vous imaginez raconter sur Facebook que vous consommez 0,2 l de moins sur le trajet entre Pôle Emploi et Bricomarché), voire - tenez vous bien - l'appel d'urgence (que personne n'arrive à vendre, même quand c"est gratuit).

Avec un look travaillé à la parisienne, casquette sur la tête (c'est toujours plus chic que le t-shirt aspergé de sauce tomate pour pizza), un dirigeant de start-up se tenait à la disposition des médias cet été pour commenter l'actualité de la voiture connectée, discuter du Mondial de l'Automobile (où il ne sera pas d'ailleurs a priori) et donner des conseils pour les départs en vacances. Et pour la rentrée, rien sur le bouquin de Sarkozy ?

A Auto Moto, on reçoit aussi régulièrement des mails de la part de start-up ou d'attachées de presse sur le mode "vous avez surement entendu parler de X, qui a levé des fonds sur la plateforme Kickstarter. Aidez-nous à financer notre projet en parlant de nous". Les médias sont vus comme des amis sur Facebook, rien de plus que des communautés où va se liker et se renifler.

Je n'ai rien contre les start-up. D'ailleurs, je vais en recevoir tous les jours au Mondial de l'Auto dans le cadre de la web tv du salon. Je considère simplement que seules celles qui offrent un service qui n'existe pas encore, qui fait gagner du temps et qui est facile à utiliser pourront s'en sortir. Or, ce que l'on voit trop souvent, c'est des dizaines de sociétés partir sur une même niche (partage de parkings par exemple), sachant qu'à la fin, il y en aura peut-être une qui va y arriver.

Alors que se profile une bulle start-up (sur le modèle de ce qui a existé dans l'immobilier), je pense qu'il faudrait faire moins de buzz et réfléchir plus en amont. Sans vouloir casser l'ambiance, mis à part BlaBlaCar et Drivy dont personne ne sait ce qu'elles deviendront dans le futur, le seul exemple de start-up qui a réussi en France est Parrot. C'est une grosse PME qui est parvenue à s'imposer en première monte par la technologie Bluetooth et le multimédia embarqué. Mais, ça a pris du temps. Je les ai vu débuter il y a presque 20 ans...

*Un néologisme qui vient de l'anglais disruptive, qui qualifie une innovation en rupture. A l'imparfait du subjonctif, ça doit déchirer sa race.
**Qui existe déjà depuis 2010 sur la Nissan Leaf, où la communauté des utilisateurs peut s'auto évaluer sur la consommation d'énergie.