Je ne me suis pas fait prier pour répondre à l'invitation, d'autant que c'était l'occasion de reprendre le volant de la Leaf et de conduire dans Amsterdam. J'ai appris au passage un certain nombre de choses sur les facilités accordées aux Pays-Bas aux conducteurs de véhicules électriques et sur l'infrastructure de recharge. D'ailleurs, en lisant la revue de bord de KLM, un article évoquait la volonté d'Amsterdam de se doter de 10 000 voitures zéro émission dans les 5 ans et d'un réseau de 2000 bornes. La preuve : le parking de notre hôtel était équipé de bornes de recharge pour voitures et scooters.
La projection a eu lieu au stade olympique de la ville, sous la forme d’un drive in, avec un écran géant en face duquel étaient garées une centaine de Leaf. Pourquoi ? Il se trouve que la voiture électrique de Nissan est l’une des vedettes avec la Chevrolet Volt et le roadster Tesla de ce deuxième opus de Chis Paine. Le réalisateur de "Who killed the Electric Car" a eu un accès privilégié auprès de Carlos Ghosn et a assisté à la naissance de la Leaf. La force de ce documentaire est d'ailleurs d'avoir pu être mis dans la confidence de la conception de la Chevrolet Volt et d'avoir de l'intérieur partagé aussi le quotidien du fondateur de Tesla, Elon Musk.
Contrairement à ce qu’on pouvait croire, « Revenge of the Electric Car » n’est pas un film militant en faveur du véhicule électrique. Il est plus mesuré qu’on ne le pense et laisse la place au doute, par exemple en évoquant le risque pris par Nissan (en cas d'échec, pronostique un éditorialiste du Wall Street Journal, il n'y aura plus de Carlos Ghosn, ni même de Nissan), ou encore quand on voit les difficultés de Tesla, qui a brûlé son cash, à trouver du financement. L'intérêt du film vient du fait que la crise a eu lieu en plein tournage du film et que Chris Paine a été le témoin de la transformation de General Motors (ce GM qu'il pourfendait pour avoir détruit les fameuses EV1).
Ce documentaire repose sur 4 personnages, dont Bob Lutz (ancien Vice-Président de GM et qualifié de Mr Detroit, symbole du pétrole et de la puissance), Elon Musk (PDG de Tesla, le challenger), Greg "gadget" Abbott (un géo trouvetou qui transforme n'importe quelle voiture en électrique) et donc Carlos Ghosn (le PDG de Renault et Nissan, présenté comme un Napoléon et un guerrier).
Je retiens de ce film quelques scènes savoureuses, comme Bob Lutz se déplaçant en Segway dans sa ferme du Michigan, Carlos Ghosn en chef des troupes qui inspecte une usine et signe des autographes (et qui dit "ok", "very good" en découvrant au Japon la version de série de la Leaf") ou encore Elon Musk qui pâlit en entrant dans un hangar rempli de roadsters qui sont des retours d’usine. Il y a aussi quelques guest stars dont Dany de Vito (qui adorait l'EV1), Anthony Kiedis des Red Hot Chili Peppers, ou encore Arnold Schwarzenegger. Jon Favreau, le réalisateur d'Iron Man, s'exprime aussi pour dire que le fondateur de Tesla (qui avait fondé PayPal, puis SpaceX) a servi de modèle pour Tony Stark dans le film, genre golden boy flamboyant.
Une autre scène, amusante, est celle où Bob Lutz et Elon Musk (l'un représentant l'industrie du passé, l'autre celle de l'avenir et symbole de la Silicon Valley face à Detroit) se croisent au salon de Detroit et se penchent avec intérêt sur la Leaf. Sinon, on aperçoit à la fin Shai Agassi de Better Place en Israël et le film passe en revue d'autres modèles dont la Mini E, l'Active E de BMW et la Ford Focus électrique. Il évoque aussi une prévision d'un million de voitures et d'un million de bornes à horizon 2015. Vous l'aurez compris, j'ai bien aimé le film. Cela ne fait pas de moi pour autant un militant de la voiture électrique. Mais, si ce film sort un jour en France ou doit être projeté, je pense que les spectateurs apprécieront un docu rythmé, bien monté, et avec une bande-son efficace. Chris Paine est un convaincu (sa Tesla est pourtant en panne dans le film), mais il a évité l'écueil du discours larmoyant qui aurait pu en faire un pensum.