vendredi 21 octobre 2016

Voiture autonome : Tesla a-t-il pêté un câble ?

Actuellement en voyage, je n'ai pris connaissance que hier après-midi des annonces d'Elon Musk sur la voiture autonome. Ainsi donc, Tesla - qui est dans le viseur des législateurs pour cause d'accidents liés à son système Auto Pilot - annonce l'arrivée en série de tout le matériel nécessaire pour que ses véhicules deviennent autonomes. le flamboyant PDG tient tellement à être le premier à proposer l'automatisation de la conduite qu'il va la proposer tout de suite sur les Model S et X, ainsi que sur la Model 3 quand elle arrivera fin 2017. Voilà une annonce qui me paraît à la fois présomptueuse et même dangereuse.

Présomptueuse pourquoi ? Elon Musk pense qu'il suffit de mettre 8 caméras pour scanner ce qui se passe autour du véhicule, 12 capteurs à ultrasons améliorés, un radar plus performant et une puissance de calcul 40 fois supérieure pour le traitement des données pour que les voitures soient plus fiables. Nous parlons bien ici de la partie hadrware, vendue comme du "full self-driving". Les fonctions seront proposées au fur et à mesure lors des mises à jour logicielles. Et Tesla précise bien qu'elles seront soumises au préalable à l'approbation du régulateur.

Vu ce qui s'est passé aux Etats-Unis et en Allemagne, ces régulateurs ne signeront probablement pas de chèque en blanc.

Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ce constructeur prend un ton si vantard, alors que la plus élémentaire prudence ordonne au contraire de faire profil bas et de tester de façon intensive ces équipements (et pas qu'en Californie).

Si le but était de faire du buzz, et donc que de la com', c'est réussi. Dans la pratique, les Tesla ne seront pas plus autonomes qu'elles ne le sont aujourd'hui, si ce n'est que les véhicules de la marque remonteront des données qui serviront à fiabiliser les capteurs et le système lui même dans son ensemble. C'est ce que vont faire aussi les constructeurs classiques.

Les plus avancés, et cela tombe bien car je suis actuellement chez Audi à Ingolstadt pour des tests de véhicules autonome (sur route et circuit) sont plus mesurés dans leurs annonces. Et ils testent la technologie depuis déjà des années.

Alors que l'automatisation progressive demande de la pédagogie, et un discours responsable, l'acteur atypique qu'est Tesla semble engagé dans de la surenchère qu'on pourrait presque qualifier de sarkozyste. Un toujours plus pour de l'effet d'annonce.

Même Google et Uber prennent le temps de faire des essais.

Je pense que Tesla survend la voiture autonome. De plus, ce genre d'annonce a plus de chance de braquer les Etats qu'autre chose. Et si les véhicules ne sont pas homologués, ce sera compliqué pour la marque.