vendredi 7 juillet 2017

La fin des moteurs thermiques en France en 2040 ? En fait, non....

Les plus matinaux m'ont peut-être entendu ce matin vers 7h15 sur RTL... La radio la plus écoutée de France m'a demandé mon avis sur les annonces de Nicolas Hulot, le ministre de l'Ecologie, qui souhaite qu'en 2040, on ne vende plus en France de voitures à essence et au Diesel (sur le marché des voitures neuves). D'abord, ce n'est pas vraiment une surprise, car Emmanuel Macron avait déjà donné cette date pendant la campagne présidentielle. Ensuite, c'est un horizon sans doute plus réaliste que celui de 2025, que vise la Norvège sans que cela ait d'ailleurs force de contrainte. De là à dire que c'est ce qui va se passer, je prends le risque de fâcher en disant que non, ça me paraît peu crédible.


Ceux qui ne connaissent pas l'automobile se disent que c'est possible. Après, il y a la triste réalité.

Lors du congrès Powertrain de la SIA, qui se déroulait début juin à Versailles, j'ai interrogé un responsable de Toyota sur leur annonce choc (la réduction de 90 % des émissions de CO2 d'ici 2050), en demandant si c'était la fin du moteur à combustion interne. Ma question a fait rire Koichi Nakata, qui m'a répondu que bien sûr il y aurait encore à cette date des moteurs. Ce jour-là, les autres constructeurs que j'avais en table ronde (BMW, Jaguar Land Rover, PSA, Renault) m'ont dit la même chose.
  
Plus récemment, j'étais chez Bosch, premier équipementier mondial. A de multiples reprises, des questions ont été posées au patron de la branche automobile (rebaptisée Mobility Solutions) sur l'avenir du Diesel. Il estime que ce moteur n'est pas fini, et qu'il y a encore du potentiel pour gagner 10 % sur la consommation. Et le groupe pense qu'il y a encore beaucoup de choses à faire pour optimiser les moteurs essence et Diesel. Pourtant, Bosch n'est pas un acteur obstiné. Il investit beaucoup sur l'électrique et ça démarre même sur l'hydrogène.

 Rappelons que l'électrique, c'est à peine 1 % du marché du VN. Et ce, malgré les incitations et malgré 7 ans d'efforts. Certes, la volonté de certaines villes et régions d'accélérer la transition énergétique va amplifier l'électrification, mais de là à imaginer que tout va se régler en moins de 25 ans, c'est clairement rêver. C'est juste oublier par exemple qu'il a à l'heure actuelle seulement 100 000 véhicules électriques sur la route, au sein d'un parc de plus de 30 millions de voitures. Même si on multiplie par 10 ou par 100 ce chiffre, le moteur n'est pas encore mort. Un moteur qui sera, malgré tout, différent de celui d'aujourd'hui.

Et Volvo ? Il est vrai que la marque a pris l'engagement de ne faire que des versions électriques et hybrides rechargables dans le futur. Et pourquoi ? Parce qu'elle produit des véhicules gros et lourds, et qu'elle est en loin du compte en CO2. Par ailleurs, son principal actionnaire est chinois (un pays qui met l'accent sur l'électrique).

Je note que Nicolas Hulot se contente d'une annonce. On en saura plus à la rentrée, où son ministère promet des assises de la mobilité avec une réflexion à horizon 2030.