mardi 30 avril 2019

La Chine choisit aussi l'hydrogène (et nous, on attend quoi ?)

Alors que se déroulait la semaine dernière le salon de Shanghai, qui est le reflet du premier marché automobile au monde, l'AFP a diffusé une dépêche qui a pu surprendre. Elle annonçait en effet que la Chine, "déjà championne des voitures électriques à batterie lithium-ion", veut "accélérer l'émergence du véhicule à hydrogène: elle pousse ses constructeurs vers cette technologie prometteuse, visant un million de véhicules d'ici une décennie". Voilà qui a dû beaucoup chagriner les partisans du tout-électrique à batterie, qui s'époumonent à clamer partout que la pile à combustible n'a aucun avenir et que le match est déjà plié. Il se trouve que mi-mars, le "rapport de travail" annuel du gouvernement a été amendé pour y inclure pour la première fois l'objectif de "promouvoir" la construction de stations de recharge pour véhicules à hydrogène. Et comme la Chine donne le la sur tous les sujets (électrification, voiture connectée et autonome), cela veut donc dire que ça va arriver.

Dans cette même dépêche, l'AFP précise que "l'hydrogène "est la prochaine étape logique pour réduire les émissions (polluantes), en résolvant certaines difficultés des véhicules électriques, comme l'autonomie et le temps de recharge, tout en réduisant la consommation d'électricité". C'est un commentaire de Fitch Solutions. Assez bizarrement, l'agence de presse cite également Xavier Mosquet, du cabinet BCG. je dis bizarrement, car dans le rapport qu'il a rédigé pour l'Elysée avec Patrick Pelata, il n'y avait pas une ligne sur le sujet. Cela ne l'empêche pas de dire à l'AFP que la pile à combustible hydrogène pourrait être "une solution intéressante" pour les poids lourds, pour lesquels les batteries électriques (puissance limitée, temps de recharge) sont moins adaptées. Véhicules utilitaires et bus pourraient être privilégiés".

Toujours selon cette dépêche, on apprend qu'aiguillonnés par les autorités, des constructeurs étatiques chinois intensifient leurs préparatifs, à l'instar de SAIC (qui fait déjà circuler des bus à hydrogène) et Great Wall Motors. Spécialiste des 4x4 urbains, ce dernier prépare sa première voiture à hydrogène pour 2020 avant un lancement commercial en 2023."Aucune contradiction avec les voitures électriques ; les deux stratégies sont complémentaires : les poids lourds ne pourront pas fonctionner purement avec des batteries", a déclaré son vice-président, Zhao Guoqing, au salon automobile de Shanghai".

Pour enfoncer le clou, il faut savoir qu'Air Liquide contribue au réseau de stations H2 en Chine. Le groupe a annoncé la création d’une coentreprise avec la société chinoise Houpu, pour développer un réseau de stations de recharge.

A part ça sinon, la France pense pouvoir relever le match de la batterie. Elle dispose pourtant d'atouts considérables dans le domaine de l'hydrogène, avec tout un écosystème qui existe déjà. Un plan avait même été décidé à l'époque de Nicolas Hulot. Mais, les financements ont disparu. Les chinois, eux, font les deux : batterie Et hydrogène.

Ce serait quand même d'avoir à acheter des piles à combustible chinoises (en plus des batteries qui viennent déjà de là-bas), alors qu'on sait les produire. Et le plus beau dans l'histoire, c'est qu'on a des acteurs français qui vendent leurs produits aux chinois, comme McPhy pour ses électrolyseurs.