mercredi 1 février 2017

Le droit à la mobilité pour tous ? Deuxième partie

Comme convenu, je reviens donc sur la prise de la parole de la FNAA, qui fédère les garages indépendants*. Après avoir dressé le tableau d'une France où l'automobile reste un moyen de transport bien commode (ce qui n'empêche pas de réfléchir à un meilleur usage), je vais donc évoquer le rôle que souhaite pouvoir continuer à jouer les réparateurs automobiles multimarques (non membres des réseaux constructeurs), qui représentent plus de 50 % du nombre total de réparateurs. Ces professionnels, qui maillent le territoire et assurent une proximité, craignent d'être écartés de l'entretien et de la réparation des futurs véhicules. Or, ils prétendent avoir la capacité à intégrer les nouvelles technologies et les nouveaux services attendus par les consommateurs, tout en réussissant à contenir un rapport qualité/prix de prestation en phase avec leurs attentes budgétaires.

Si l'on prend l'exemple du véhicule connecté, la FNAA veut s’assurer que la transmission et les possibilités de traitement des données émises par les véhicules sera également partagée entre les trois parties concernées : constructeurs, équipementiers (qui sont à l’origine de près de 90 % des composants automobiles) et les acteurs indépendants susceptibles d’entretenir et réparer à tout moment n’importe quel véhicule, de n’importe quel âge et de n’importe quelle marque. La fédération souhaite un complet et libre accès aux données émises par ces véhicules connectés. Elle avait déjà milité pour obtenir un complet et libre accès aux informations techniques permettant de réaliser toute prestation dans les meilleures conditions d’efficacité et de sécurité.

Une jurisprudence existe en la matière. Il s'agit d'un arrêt du 6 avril 1995 (arrêt « McGill ») de la Cour de justice européenne et qu précise que "les informations ne peuvent pas être retenues quand cette rétention a pour effet d’évincer les concurrents".

La FNAA a fait valoir ce principe dans la réglementation sur l’appel d’urgence (« eCall ») et dans les réglementations, qu'ils concernent les véhicules connectés du parc roulant, ou les véhicules post-équipés grâce au « dongle » fixé à la prise de diagnostic. Cette position est aussi reprise pour le projet de « règlement européen relatif à la réception et à la surveillance du marché des véhicules à moteur » en cours d’approbation au Parlement européen et au Conseil des Ministres.

Enfin, la FNAA fait part de son souhait d'accompagner la transition énergétique. Elle rappelle qu'elle est signataire du pacte Climat issu de la COP21 du 9 décembre 2015 (aux côtés des autres organisations patronales et syndicales de la Branche). Néanmoins, elle est souligne que si de gros efforts ont déjà été faits par l’industrie automobile pour que les véhicules neufs soient de moins en moins polluants, il n’en reste pas moins que le parc roulant à 8,8 ans d’âge en moyenne, que la durée de vie des véhicules tend vers 18 ans et qu’il se vend 2,8 véhicules d’occasion pour 1 véhicule neuf.

Conclusion : il est donc illusoire d’attendre une amélioration de l’impact environnemental des véhicules en comptant sur le seul renouvellement du parc. La FNAA en profite pour militer en faveur d'un entretien régulier du parc roulant. Une position qu'elle partage avec la FEDA, autour du concept d'éco-entretien

*L’offre des garages indépendants, dont plus de la moitié d’entre eux sont organisés en enseignes nationales (AD, Top Garage, Precisium, etc.), arrive ainsi en seconde position juste derrière celle des réseaux constructeurs (36 %) et loin devant celle des centres auto et réparateurs rapides (respectivement 15 % et 6 % du marché).