mardi 20 décembre 2016

Et voilà que l'on reparle encore (et en vain) du LAVIA

La dernière fois que ce terme a été évoqué en France, c'était il y a 5 ans, lors d'un discours de Nicolas Sarkozy (alors Président de la République). A la surprise générale, il avait exhumé ce projet qui est retourné aussi sec dans les oubliettes des fausses bonnes idées pour réduire les accidents dus à la vitesse. Cette fois, c'est le Conseil européen de la Sécurité des Transports (ETSC) et l’association Prévention Routière qui relancent le débat.


Et pourquoi donc ? Parce que courant 2017, une révision des standards minimums obligatoires pour les nouvelles voitures vendues sur le marché européen est prévue et que ce serait l'occasion de proposer sa généralisation.


En dehors des "experts" franco-français de sécurité routière, personne ne sait ce qu'est le LAVIA (limiteur s’adaptant à la vitesse autorisée), un dispositif qui se repère par rapport au GPS et tient compte des limitations de vitesse connues pour empêcher le conducteur de dépasser la vitesse autorisée. Son pendant en anglais est l’ISA* (Intelligent Speed Adaptation). Le système fait donc l'objet d'une campagne iSAFER, qui est financée par le gouvernement flamand, la fondation MAPFRE et 3M.

Le relais en France va se traduire par un débat**, organisé par le Conseil européen de la Sécurité des Transports et la Prévention Routière, le 31 janvier à Paris. Leur argument : si tous les conducteurs respectaient les vitesses limites autorisées, on estime que 717 vies pourraient être préservées en moyenne en France - soit 18 % de l’ensemble de la mortalité routière (selon l'ONISR).

Je ne vois pas bien l'intérêt d'une telle campagne. Les régulateurs et limiteurs de vitesse sont déjà quasi-systématiques sur les modèles récents. Et surtout, la généralisation des aides à la conduite - avec notamment la reconnaissance optique des panneaux - fait que le conducteur est déjà alerté en cas de dépassement de la vitesse. Accessoirement, le LAVIA déjà utilisé (et accepté) par des millions de français a pour nom Coyote et Waze.

Ce que l'on devine, c'est la volonté de certains acteurs français de vouloir brider automatiquement les véhicules. Après tout, Ford propose effectivement un système qui adapte la vitesse en fonction des limitations quand le régulateur est activé. Mais, cela ne marche que quand le conducteur a décidé de s'en servir. Et ce sera pareil quand les français commenceront à déléguer la conduite aux futurs véhicules autonomes (dont on sait qu'ils respecteront les limitations). Là, on est dans une optique différente, qui consisterait à rendre obligatoire un système qui empêcherait de dépasser la vitesse limite. Le rêve ultime de Perrichon et consorts.

Pas sûr que les industriels acceptent, et les clients encore moins (même si on peut désactiver le système en cas d'urgence). De toute façon, comme ce genre de choses ne se décrète qu'à l'échelon européen, autant dire qu'on a le temps de voir venir.

*Et non assistance, comme l'écrit par erreur l'ETSC sur son site. Comme quoi, expert c'est un métier.
**Qui n'associe pas à ce stade les constructeurs français.