vendredi 8 avril 2016

Opérateur de mobilité : le destin inexorable des constructeurs automobiles

Si l'international et le plan produit ont une place prépondérante dans le cadre du plan Push to Pass de PSA, il n'a échappé à personne que le groupe entendait bien passer du stade de constructeur automobile à celui d'opérateur de mobilité. C'est une évolution affichée par de grands noms de l'industrie comme BMW, Ford et surtout Volkswagen. PSA est donc dans le bon tempo*. Le groupe piloté par Carlos Tavares voit le digital et la connectivité comme autant d'opportunités pour développer de nouveaux métiers et assurer une croissance pérenne.



Il y a d'ailleurs déjà un certain temps que l'activité du groupe ne se résume pas seulement à vendre (ou louer) des voitures. PSA a par exemple lancé le service Mu by Peugeot (rebaptisé Peugeot Rent) pour louer des véhicules ou accessoires dans son réseau, du vélo électrique à l'utilitaire en passant par le GPS. Il opère aussi le service Multicity à Berlin, avec 350 véhicules électriques (Citroën C-Zéro) en libre-service.


Clairement, le groupe veut se renforcer dans l'autopartage. Il coopère en ce sens avec Bolloré (qui a un accord similaire avec Renault), sans que des projets concrets aient été annoncés. PSA veut également cibler l'autopartage dans le monde professionnel. On a appris, juste avant la présentation du plan Push to Pass que le constructeur avait décidé d'entrer au capital de la start up Koolicar, qu'il soutient avec l'aide de la MAIF. Aujourd’hui présente dans 40 agglomérations françaises avec plus de 60.000 inscrits, pour de la location entre particuliers, la société se distingue par son boîtier connecté (la Koolbox) qui facilite le partage (accès sans échange de clé au préalable, calcul du kilométrage et durée de la location, géolocalisation).


Dans le passé, PSA a déjà investi dans des start-ups comme Webdrive (covoiturage domicile-travail)... qui a déposé le bilan peu après. Mais, c'est la règle. Et le groupe est prêt à prendre encore plus de risques, avec un fonds d'investissement doté d'un capital de 100 millions d'euros. Sur le modèle de BMW i Ventures, il prendra des parts dans des sociétés innovantes dans le domaine de la mobilité.


C'est d'ailleurs grâce aux services de mobilité que PSA entend faire son retour aux Etats-Unis. Un retour programmé sur 10 ans, et qui passera d'abord par de l'autopartage. La road map est de proposer d'abord des services, grâce à des partenaires**, sur des véhicules courants du marché local. Puis, de proposer des services de flottes utilisant cette fois des véhicules du groupe, dont on imagine que certains seront électriques. Et si les américains sont satisfaits, il sera alors temps de diffuser des voitures sur le marché américain, point de passage indispensable pour un constructeur auto de taille mondiale.

*Pour ceux qui ont déjà vécu, cette démarche était au coeur de la stratégie de plusieurs groupes a début des années 2000, comme Ford (qui avait repris Think et pensait lancer des services sous cette marque) ou encore Mercedes à l'époque du groupe DaimlerChrysler. La vision était bonne, mais trop avant-gardiste.
**Carlos Tavares n'a pas voulu mentionner de noms. Je connais pour ma part une société française qui fait pas mal de choses en Amérique du Nord dans l'autopartage, qui connaît bien PSA, et qui serait sans doute un partenaire utile. Il m'a confirmé que les américains - bien que très attachés à l'automobile comme objet de déplacement -étaient bien plus ouverts sur l'autopartage qu'en Europe.