mardi 3 décembre 2013

Quand le transport public s'électrifie

Une fois n'est pas coutume, je vais parler de bus. Et même de bus électrique. Il faut dire que c'était le thème dominant lors des Rencontres Nationales du Transport Public, qui se déroulaient la semaine dernière à Bordeaux. On y a vu par exemple le concept bus Ellisup* qui, après avoir été dévoilé en première mondiale à Busworld à Courtrai, il y a quelques semaines, a été clairement l’une des attractions majeures du salon. Ce bus électrique résulte d’un programme de recherche de l’ADEME, mené par Iveco Bus en collaboration avec Michelin, la RATP, EDF, le CEA, l’IFPEN, l’IFSSTAR, Ercteel et Recupyl.



Ellisup a été conçu pour rouler sur une distance de 8 km. Il est équipé d’un pantographe permettant une recharge rapide, en 4 minutes en bout de ligne, afin de récupérer jusqu’à 10 km d’autonomie. Dans le cadre du projet, EDF a effectué les tests de sécurité des batteries et s’est assuré de la compatibilité de la recharge rapide avec le réseau. Principaux avantages de ce bus : ses batteries lithium-ion prennent relativement peu de place (800 kg, contre 3 ou 4 tonnes pour un bus classique). Par ailleurs, l’intégration de moteurs électriques dans 4 des 8 roues (technologie de Michelin) permet de libérer de l’espace intérieur et d’embarquer 10 à 20 % de passagers en plus. L’innovation vient aussi de de l’aménagement intérieur avec un éclairage d’ambiance qui s’adapte en fonction du temps et de la température. Ce bus électrique devrait être testé dans les rues de Paris ces prochains mois. Iveco espère que le STIF (Syndicat des Transports d’Ile-de-France) pourra l’homologuer d’ici la fin 2014.


Pour sa part, Siemens a mis l’accent sur l’e-BRT : un système complet qui associe un site propre aménagé, des stations équipées d’une fonction énergisante et intelligente et des véhicules routiers électriques équipés du système de guidage Optiguide. Il s’agit de la version tout électrique et sans fils du Bus Rapid Transit, un équivalent international du concept de Bus à Haut Niveau de Service (BHNS), déjà en plein essor en France. Les véhicules de type bus ou trolleybus à traction électrique circulent en site propre et rechargent, lors de leurs arrêts en station, l'énergie nécessaire pour atteindre la station suivante. Le système de transfert d'énergie par « biberonnage » est particulièrement performant puisqu'il ne prend qu’une vingtaine de secondes, ce qui correspond à la durée habituelle de descente et de montée des voyageurs. Le rendement énergétique est plus de deux fois supérieur à celui des solutions thermiques et hybrides, grâce à la traction électrique et à la récupération de l’énergie cinétique au freinage.


On peut citer également Solaris, avec son Urbino 12 Electric qui possède un système de charge automatisé en toiture pour une alimentation par biberonnage (système qui permet d’atteindre un rayon d’action comparable à celui d’un bus diesel).


Parmi les autres innovations, on peut relever l’approche de Vinci Energies qui optimise l’alimentation des réseaux de transport avec des systèmes de récupération et stockage ou de réinjection de l'énergie générée par le matériel lors des phases de freinage (avec par exemple une technologie de super-capacités). Cela contribue à une réduction de 30 % de la facture énergétique.


Le bus hybride n’est pas en reste avec la dernière version du Volvo 7900. Ce modèle offre jusqu’à 39 % de réduction de la consommation de carburant, par rapport à un bus diesel classique.


Et puisque les rencontres se déroulaient à Bordeaux, il nous faut signaler la mise en circulation d’e-c@r, un Car à haute qualité de service (CHQS, électrifié et communicant. Ce véhicule, qui circule sur deux lignes du réseau TransGironde, est à la pointe de la technologie. Outre la présence de prises électriques et d’une connexion Wi-Fi, l’alimentation des services à bord est assuré par des panneaux solaires installés sur le toit des véhicules.

* Autobus ELectrique à batteries au LIthium et SUPercapacités