mardi 12 avril 2011

Continental veut faire de la gomme à partir de pissenlits pour ses pneus


Si certains les mangent par la racine, comme les lapins (ou en salade, comme dans les Alpes), et que les enfants les sèment à tout vent, les chercheurs essaient de voir comment les utiliser comme alternative au pétrole. Ce n'est pas une blague, même si j'ai eu du mal à le croire au début. Une étude menée par une équipe de l’Université de Münster en Allemagne, sur le latex contenu dans les pissenlits, a permis de faire une découverte étonnante. Cette plante produit un élastique de gomme, d’une qualité comparable à celle du latex secrété par l’hévéa. Autrement dit : on pourrait s'en servir à l'avenir pour obtenir du caoutchouc. Les résultats n’ont pas échappé au fabricant de pneus Continental, qui essaie actuellement de développer l’idée, en collaboration avec un consortium composé d’instituts de recherche et de partenaires industriels. Le projet a d’ailleurs été récompensé dans le cadre du concours fédéral allemand « Land der Ideen » (Le pays des idées), où le jury a souligné son fort potentiel pour l’avenir.



Pour l’industrie, le pissenlit permet de résoudre un problème de taille en se posant comme une alternative au latex produit par l’arbre à caoutchouc. La culture de l'hévéa, qui se fait en Asie du Sud-est, ne permet pas de répondre à une demande mondiale qui excède l’offre. Par ailleurs, un nombre croissant de cultures sont aujourd’hui menacées par la propagation d’une infection fongique. Des difficultés qui épargnent le caoutchouc synthétique. Les biochimistes sont parvenus à identifier l’enzyme responsable de la polymérisation rapide du caoutchouc de pissenlit. En désactivant cette enzyme, ils ont obtenu des plantes génétiquement modifiées à partir desquelles le caoutchouc peut s’écouler librement et être récolté. Ce qui est un énorme pas en avant. Le caoutchouc constitue en effet l’élément principal d’un pneu (41 % dans le cas du ContiPremiumContact 2). Les scientifiques estiment que le pissenlit pourrait à terme répondre à un dixième de la demande en caoutchouc en Allemagne.