mercredi 28 juillet 2010
Une étude très optimiste d'EurotaxGlass sur les énergies alternatives
Selon une étude publiée par EurotaxGlass, la part de marché de la voiture électrique* sera comprise entre 9 et 13 % en Europe en 2020 (soit, entre 1 et 1,6 million de véhicules). Bigre... L'adoption d'énergies alternatives serait donc plus rapide que prévu, en particulier en Grande-Bretagne et en France, si l'on se réfère à ce document "new alternative powertrain study" dont on peut lire une synthèse (en anglais) en suivant ce lien : http://www.eurotax.com/index.php?p=mc_pressrel&l=encm&n=2. Qu'est-ce qui justifie un tel optimisme ? Selon EurotaxGlass, qui a mené l'étude avec BDW Automotive dans 5 pays**, le contexte réglementaire (130 g de CO2 par km en 2012, 95 g en 2020) et les aides fiscales (dont le bonus de 5000 € en France et dans plusieurs pays), conjugués à des packages innovants autour du véhicule et de la batterie pourraient convaincre les automobilistes de passer plus vite à l'électrique.
L'argument clé serait le TCO (Total Cost of Ownership), autrement dit le coût de revient global du véhicule : un élément bien connu des entreprises pour les flottes mais que les particuliers ignorent.
Ce dernier point est stratégique. D'une façon évidente, l'entretien sera considérablement réduit par rapport à un modèle thermique, dans la mesure où - en dehors des pneus et des pièces d'usure classiques - il n'y a pas d'éléments mécaniques. Ensuite, les solutions qui seront proposées pour louer les batteries et les garantir vont influer sur le modèle économique. Ainsi, on sait que Renault va louer ses batteries pour un loyer mensuel de 100 Euros et va les garantir sur plusieurs années (jusqu'à 5 ans a priori, croit savoir Le Figaro). Ce beau tableau ne cache pas toutefois que la valeur résiduelle des véhicules électriques sera moins bonne que pour un véhicule thermique, en raison d'un prix de départ beaucoup plus élevé.
Pourquoi je n'y crois pas : malgré les efforts de certains constructeurs pour baisser les prix (on parle de 15 000 € pour la Zoé alors que la Leaf en coûtera 30 000 !), les Etats ne pourront pas éternellement aider le secteur automobile, surtout en cette période de rigueur où les priorités sont ailleurs. Il faut aussi prendre en compte l'inertie de la clientèle, qui va attendre de voir arriver les véhicules sur le marché et d'avoir les premiers retours de ceux qui essuient les plâtres. Le scénario sera donc sans doute celui d'une adoption graduelle, comme l'étude le prévoit pour l'Espagne et l'Italie (l'Allemagne se situe entre les deux groupes de pays).
Mais au fait, qui est EurotaxGlass ? Cette société est spécialisée dans la fourniture de données (notamment les prix des véhicules neufs et des options, ainsi que le coût des réparations) et de conseils pour l'industrie automobile (intelligence). A-t-elle autorité pour prévoir l'avenir de la voiture électrique ? Pas plus que ceux qui prévoient des lendemains qui chantent... Mais, elle est crédible sur le coût de revient. C'est sur ce point là que les constructeurs vont devoir affiner leur stratégie, au lieu de faire du brouhaha médiatique qui ne sert qu'à brouiller le message.
EurotaxGlass doit présenter la synthèse de cette étude lors d'un déjeuner-débat le 16 septembre prochain à Paris, à l'initiative du site autoactu.com.
*C'est la voiture électrique sous toutes ses formes, y compris avec prolongateur d'autonomie.
**France, Allemagne, Italie, Espagne, Grande-Bretagne