jeudi 5 octobre 2017

Toyota en route vers le zéro accident et la voiture autonome

Hier, je me suis rendu en banlieue de Bruxelles au siège de Toyota Europe. Le constructeur japonais organisait à son centre de recherche un séminaire sur le thème du zéro accident. C'était une rencontre sur les équipements de sécurité active et la conduite autonome, avec un invité de marque : Gil Pratt. Si ce nom ne vous dit rien, c'est ce professeur du MIT qui dirige le Toyota Research Institute, qui coordonne les travaux sur l'intelligence artificielle avec un budget d'un milliard de dollars.



Commençons d'abord par les ADAS (aides à la conduite). Toyota, qui propose ces équipements sous le vocable Safety Sense, a promis de les généraliser au sein des gammes Toyota et Lexus d'ici la fin de l'année, a déjà fait cet effort à 92 %. Que ce soit la Aygo, l'Avensis, ou encore la dernière LS, le constructeur japonais fait en sorte d'enrichir l'équipement pour diminuer le plus possible le nombre d'accidents. Selon les modèles, il les équipe d'un capteur laser et d'un radar, en plus de la caméra.

A ce propos, nous avons appris que Toyota Europe était le site d'excellence pour la reconnaissance des images.


Lors de cette journée, qui a alterné conférences et essais, nous avons pu tester deux technologies disponibles à bord de la Prius 4. Il s'agit du freinage automatique, qui se déclenche en cas de non réaction devant un obstacle. Classique, mais utile.


Toujours à bord d'une Prius, nous avons testé un autre système qui empêche la voiture d'avancer face à un mur, si par exemple le conducteur confond la marche avant avec la marche arrière et accélère pour avancer au lieu de reculer. La voiture va alors le prévenir et freiner automatiquement.


A bord d'une Lexus LS 500, qui est largement dans la catégorie au-dessus, nous avons pu essayer un système qui permet d'éviter de rentrer dans un piéton quand on fait une marche arrière. La reconnaissance d'image, qui identifie et catégorise le danger, a pour empêcher de freiner automatiquement.


Mais, le moment le plus attendu était bien entendu l'évitement automatique d'un piéton en cas de distance trop courte pour un freinage d'urgence. J'avais déjà parlé de ce système sur le blog. Pouvoir le tester est évidemment plus intéressant. Même si je n'étais que passager à l'arrière sur cette démo, j'ai très bien vu la Lexus déclencher l'alerte et tourner le volant (le conducteur a fait exprès de le lâcher pour la démo).


Après cette mise en bouche, voyons à présent la conduite autonome. Comme je le disais, et je l'ai déjà écrit ici même, Toyota a beaucoup investi sur l'intelligence artificielle. Et il prévoit encore de le faire, grâce à un fonds d'investissement qui permet à la marque de mettre des billes dans des start-up.


Suite à une question que je lui ai posé, sur où se situe Toyota par rapport à Nvidia et Waymo (Google), Gil Pratt a répondu qu'on n'en était qu'au début Pour lui, Toyota est plutôt bien situé et n'a donc rien à envier par rapport à ces acteurs. Pour autant, il discute aussi avec Waymo et Intel. Justement, quand je lui ai demandé aussi si Toyota songeait à rejoindre la plateforme* animée par BMW et Intel, Gil Pratt a indiqué que les alliances changeaient si rapidement qu'à ce stade il ne pouvait pas commenter plus. Il faut donc comprendre que c'est une option parmi d'autres et que Toyota ne pourra peut-être pas tout faire tout seul.


Lors des essais, j'ai pu monter à bord d'une Lexus LS600 h autonome de niveau 3. La limousine était équipée d'un télémètre laser de type Velodyne et de plusieurs autres capteurs dont des caméras sur les côtés, ainsi que devant et derrière.


Ce qui est très novateur, c'est au niveau de l'analyse d'images. Grâce à un réseau de partenaires en Europe, dont en France l'INRIA et Proba Yes, la voiture est capable de reconnaître les objets environnants. Il ne s'agit pas seulement de "voir" le marquage au sol, mais d'identifier les zones où le véhicule peut rouler s'il doit changer de voie ou faire un arrêt d'urgence sur le bas-côté. On appelle cela la segmentation. Notre Lexus pouvait par exemple reconnaître qu'une rangée de cônes avait été posée à côté de la bande blanche qui délimitait le côté gauche de la chaussée, sur le circuit où nous évoluions.


Lors de cette journée, nous avons appris que Toyota avait en fait deux modes de conduite différents. D'un côté, il y a le mode Chauffeur, qui est capable de prendre la main si le conducteur est fatigué ou dans l'incapacité de conduire, et de l'autre un mode Gardien, où l'électronique veille au grain et va pouvoir gérer les cas complexes où une intelligence artificielle va pouvoir sauver la mise au conducteur. Ce concept se résume sous le vocable Team mate Mobility.


Gil Pratt nous a encore dit que nous avions statistiquement 1 % de chances de mourir au volant d'une voiture (chiffre qui passe à 35 % pour les jeunes). Toyota va donc s'employer à développer des voitures qui éviteront des accidents. La marque mise sur la communication entre véhicules et avec l'infrastructure (en utilisant de préférence la technologie Blockchain qui garantit l'intégrité de ces liaisons), tout comme sur la mise à jour des logiciels et des cartes.

Il faut encore savoir que Toyota a publié un livre blanc sur le véhicule autonome. Un document d'une vingtaine de pages qui détaille sa stratégie dans le domaine.


Mais pour autant, le constructeur japonais reste prudent. Ainsi, Gil Pratt a déclaré qu'il ne savait pas à quelle date il serait techniquement possible d'arriver au niveau 5. Il pense qu'il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. C'est toutefois l'enjeu des futures années et Toyota ne restera pas passif, face à Uber et consorts qui voudraient se positionner dans le transport à la demande. Il compte donc lui aussi investir ce type de service.

Voir les photos.

*qui comprend également MobilEye, Continental, Delphi et Fiat-Chrysler.