jeudi 19 septembre 2013

Automobile et France industrielle de demain : que penser de ce plan ?

Je reviens aujourd'hui sur les fameux 34 projets qui ont été annoncés par François Hollande et Arnaud Montebourg le 12 septembre dernier. Ce jour là, je revenais de Francfort et je préparais une conférence que j'animais le lendemain dans l'Est* de la France. L'annonce m'a fait sourire, car l'un des thèmes, "la voiture à 2 litres aux 100 km" est déjà dans les starting blocks depuis des mois, et je voyais justement le lendemain le responsable de ce programme dans le cadre de la PFA**, François Sudan. L'autre thème fort est le pilotage automatique. Dans les deux cas, j'ai déjà vu un aperçu concret sur le salon de Francfort. Ce qui me fait penser que le futur, c'est déjà maintenant dans d'autres pays ou chez certains constructeurs.



Revenons d'abord sur le projet lui même. Dans le cadre de son plan pour une nouvelle France industrielle, le gouvernement a présenté 34 projets visant à remettre le pays sur le chemin de la croissance. Ce travail a été conduit par la Direction générale de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services (DGCIS) du Ministère du Redressement productif, appuyé par l’expertise internationale du cabinet McKinsey. Le texte vante une France qui sait se réinventer. Dans la vidéo de promotion très lyrique, pour illustrer les projets de demain, on discerne la Zoé, l'Active Wheel de Michelin, le concept Peugeot BB1, mais aussi la conception en CAO de la... Citroën C6 (qui n'est plus fabriquée) et la F City de FAM Automobiles (qui a fait faillite).
Lien : http://www.redressement-productif.gouv.fr/nouvelle-france-industrielle 


Ainsi donc, le projet phare pour l'automobile est "la voiture pour tous consommant moins de 2 litres aux 100 km". Ce projet est en effet devenu une réalité et on peut en consulter le détail sur le site de la SIA : http://www.sia.fr/vehicule2l100.htm. Les PME peuvent déposer un dossier, sachant que le programme couvre un large spectre, de l'allègement à la connectivité en passant par l'hybridation. PSA pousse sa technologie Hybrid Air (qui permet déjà théoriquement d'atteindre 2,9 L/100 km et 69 g de CO2) alors que Renault travaille sur l'hybride essence rechargeable low cost.


La voiture sans chauffeur se prépare. "Au moment où les grands acteurs de l’internet s’intéressent à la voiture, les constructeurs et les équipementiers automobiles prennent le virage de la transition numérique et développent une offre compétitive de composants automobiles, de capteurs et de logiciels afin de proposer, d’ici à 2020, des véhicules autonomes à prix abordable", indique le dossier. Valeo fait partie de ces champions, il est vrai et la France peut aussi compter sur l'institut VeDeCom, dont l'objet est d'étudier la délégation de conduite, en plus du véhicule décarboné et des nouvelles mobilités. Mais, la concurrence est rude et les allemands ont déjà beaucoup d'avance sur nous.


Malgré le démarrage plus que lent du véhicule électrique, le gouvernement ne renonce pas pour autant à soutenir la filière. Ainsi, il est question d'un plan visant à couvrir la France d’un réseau de bornes de recharge (avec des services d’itinérance, de gestion de flottes et d’autopartage), en s'appuyant sur un "pôle EDF" et la filière des fabricants. Les gens d'EDF ne savent pas de quel pôle il s'agit, mais bon... La France a aussi la volonté de développer des batteries performantes pour les moyens de transport (voitures, avions, bateaux), la conduite autonome (qui profitera au véhicule électrique, surtout dans le domaine de l’autopartage pour faciliter le retour au parking) et même l’avion et les satellites à propulsion électrique. Les réseaux électriques intelligents (smart grids) sont également concernés par ce plan ambitieux.
D'après le document, le marché de la voiture électrique pourrait atteindre 75 000 véhicules en 2015.


Par contre, il manque des choses. McKinsey ne parle pas par exemple d'hydrogène. A l'heure où BMW, Daimler, Ford, Nissan, Hyundai, Kia, GM et Toyota avancent sur ces questions - avec des modèles prévus à partir de 2015, voire déjà produits en petite série - cela fait désordre. Or, le même McKinsey a participé à une étude publiée par l'Union Européenne (a portfolio of power-trains for Europe: a fact-based analysis***), dans lequel il est écrit que la technologie est prête à être déployée.

Mais, l'important n'est-il pas de croire que la France peut occuper "une position forte sur le marché avec des entreprises leaders et un écosystème académique, technologique, économique et industriel" ?

*Dans le cadre du Salon du Véhicule Innovant de Montbéliard, une conférence a permis de jeter les bases d'un Cluster automobile de l'Est, sous la houlette des régions Alsace et Franche-Comté, de PSA Peugeot Citroën et du pôle Véhicule du Futur.
**Plateforme de la Filière Automobile, qui justement reviendra les 2 et 3 octobre sur ce programme dans ses rencontres de la PFA à Paris.
***Lien : http://ec.europa.eu/research/fch/pdf/a_portfolio_of_power_trains_for_europe_a_fact_based__analysis.pdf