mardi 28 mai 2013

Better Place : la fin d'une utopie électrique à près d'un milliard de dollars

L'annonce de la mise en liquidation judiciaire de la start up israélienne n'a rien de très surprenant. Depuis la naissance de la bulle "voiture électrique", alimentée depuis 2008 par Renault-Nissan et Better Place entre autres, on a trop promis et la réalité se charge aujourd'hui de rattraper la fiction. Shai Agassi, qui était très doué pour la com' et les powerpoint, avait de toute évidence beaucoup de charisme. Mais, à part Renault, il n'a jamais convaincu d'autre constructeur de le rejoindre dans sa vision des batteries échangeables en station. Or, pour que le pari se concrétise, Better Place se devait de rallier plusieurs marques. J'avais constaté que Nissan ne croyait pas au concept, tout comme bien d'autres marques pour des raisons évidentes de coût, de logistique (et d'absence de véhicules).
La bonne question, c'est que va-t-il rester de tout cela et quel impact cela peut-il avoir sur le marché de la voiture électrique ?



Renault s'est empressé de minimiser la faillite de Better Place. Dans un communiqué, la marque fait savoir que cette décision ne remet nullement en cause la stratégie de l’Alliance et que Renault explore toutes les pistes technologiques, celles du quick drop comme d’autres modes de charge. Dans l'immédiat, le réseau continuera d’assurer le service après-vente des Fluence Z.E. et des batteries de ces véhicules, en Israël et au Danemark. Il reste à voir si le constructeur français continuera à développer ce modèle, conçu à l'origine pour Better Place et dont les ventes n'ont jamais décollé (en France, elle a quasiment disparu des immats). C'est croquignolet de constater que les ventes sont juste 100 fois inférieures aux prévisions et que des centaines de millions de dollars ont été englouties dans l'opération.


L'idée de l'échange de batteries reviendra peut être le jour où le véhicule électrique aura atteint une taille critique. C'est l'intention qu'on prête par exemple à Tesla, en complément de son réseau de superchargeurs. Il est vrai que les batteries de la Model S prennent 39 h à recharger sur une prise classique ! Mais, cela dépendra beaucoup de l'évolution de l'infrastructure de charge. La charge rapide se développera peut être plus vite que prévu. Il ne faut pas négliger non plus les chargeurs embarqués, qui réduisent le temps de charge à 1 h chez Renault (pour la Zoé) et 1 h 30 chez Volvo pour la C30 Electric sur prise triphasée (avec un chargeur de 22 kW).


Ce qui est dommage, avec la disparition de Better Place, c'est que pour la première fois, un pays - Israël - essayait d'acquérir son indépendance énergétique par rapport au pétrole. D'autre part, la start up a aussi développé de bonnes idées : un système embarqué communicant très intéressant (OSCAR pour les intimes) et un mode de tarification calqué sur le mobile qui seront peut être repris plus tard par un autre acteur. Auquel cas, on lui souhaite d'être plus concentré sur le business que sur le buzz sur Facebook et Youtube.