mardi 10 février 2015

Biocarburants de seconde génération : où en est-on ?

A défaut d'avoir trouvé mon bonheur au colloque Panorama de l'IFPEN, jeudi dernier, j'ai consulté avec intérêt les dernières notes de synthèse disponibles en téléchargement sur le site de cet institut de recherche, dont celle sur les biocarburants de seconde génération. Comme pour toute forme d'alternative à l'essence et au gazole, le pétrole bon marché ne favorise guère la transition énergétique. Mais, le fait est que les biocarburants 2 G (issus de résidus ou autres matières lignocellulosiques*) en arrivent à un stade industriel.


Ainsi, le nombre d’unités de production d’éthanol 2 G** à l’échelle commerciale a progressé très fortement, notamment en 2013 et 2014 (démarrage de deux unités aux États-Unis, une en Europe et une en Amérique latine). Au Brésil, la nécessité d’augmenter la production de biocarburant, du fait des nouvelles obligations d’incorporation pour le biodiesel et l’éthanol a contribué à un accroissement des investissements. Par ailleurs, on compte déjà plusieurs projets chez les acteurs existants (éthanol 2G) et des développements majeurs sont aussi attendus dans les filières biodiesel avec la mise en service de projets pilotes.

Et la France dans tout ça ? En ce qui concerne le projet BioTfueL, porté par un groupement de six partenaires (Avril, Axens, CEA, IFPEN, Thyssenkrupp Industrial Solutions et Total), il progresse vers la construction de deux démonstrateurs.
En novembre 2014, la société Bionext qui fédère tous les partenaires de ce programme a annoncé que la phase d’avant-projet détaillé était achevée et que le projet allait pouvoir aborder sa phase de démonstration. Pour cela, deux unités pré-industrielles vont être construites pour un montant global du projet de 180 M€ d’investissement. Le site d’Avril à Venette (Picardie) abritera une installation de préparation de la biomasse de 12 M€ faisant appel au procédé de torréfaction. Le site Total de Dunkerque (établissement des Flandres) accueillera l’unité de gazéification qui constitue le cœur du procédé, ainsi que le procédé de synthèse (FischerTropsch) développé par IFPEN. Il mobilise un investissement de près de 110 M€.
En septembre 2014, les contrats de construction des principaux lots du site Total de Dunkerque ont été signés par Bionext avec Prosernat (pour le traitement du gaz de synthèse) et la PME RBL-REI (pour la préparation des charges) ainsi qu’avec ThyssenKrupp Industrial Solutions (pour l’unité de gazéification et l’intégration globale du site) avec un démarrage des travaux sur site prévu au premier trimestre 2015.

Par ailleurs, le CEA a inauguré en octobre 2014 la plateforme de prétraitement par broyage de la biomasse à Bure-Saudron de son projet Syndièse.

2015 sera-t-elle l'année de la maturité pour les biocarburants 2 G ?

*On peut les classer de façon suivante :
résidus agricoles (pailles de céréales, tiges, bagasses de canne à sucre) ;
résidus d’exploitation forestière (branches, rameaux, troncs abîmés laissés en forêt) ;
déchets de l’industrie du bois (sciures, rebuts) et du papier (papiers usagés, liqueurs noires)
cultures dédiées à fort rendement : plantes annuelles (triticale, luzerne, etc.), cultures pérennes à rotation rapide (miscanthus, canne de Provence, peuplier, saule, etc.)  ;
déchets ménagers (fraction organique) et industriels (palettes, etc.).
**Leur capacité totale a atteint 350 000 t/an à fin 2014.