vendredi 8 mars 2013

Audi lance une famille autour des énergies alternatives

Tout le monde connaît le label e-tron qui désigne chez Audi les véhicules électrifiés. La marque aux anneaux ouvre un nouveau chapitre avec g-tron, qui va s'appliquer en fin d'année sur l'A3 Sportback. Cette version roulera à la fois à l'essence et au e-gas (gaz synthétique). Audi prévoit même de lancer la famille f-tron un peu plus tard, quand ses voitures rouleront aux carburants synthétiques. Voici la stratégie du constructeur pour les énergies alternatives.



Ce que je vais vous dire est issu de deux entretiens que j'ai eus sur le stand Audi au salon de Genève avec des spécialistes de la marque. Commençons d'abord par e-tron. Ce nom fait sourire les français car il n'est pas très flatteur, même si le nom sonne bien en anglais. Le pire est que tron ne veut rien dire. Enfin bon, Audi a décidé d'abandonner pour le moment le tout électrique (pas d'amélioration sensible des batteries avant 10 ans pour la marque). Elle se recentre donc sur l'hybride rechargeable, avec une A3 Sportback e-tron qui sera lancée début 2014. La voiture proposera 50 km d'autonomie, avec une batterie se rechargeant en deux heures et demie (avec une wall box à 3,6 kW) ou... en roulant.
Typé Premium et confort, avec une habitabilité préservée, ce modèle sera proposé à 38 000 euros.


Toujours sur la base du même véhicule, l'A3 Sportback, la marque aux anneaux entend lancer une version g-tron à 95 g de CO2 par km, qui propose une autonomie de 900 km, dont 400 au gaz naturel. Ce modèle intègre deux réservoirs de 27 kg chacun, placés sous le coffre à bagages et pouvant stocker chacun sept kg de gaz à une pression maximale de 200 bars. Ils sont très sûrs, grâce à une double couche intérieure (en polyamide étanche au gaz et une autre en matériau composite renforcé aux fibres de carbone) et grâce à une couche extérieure en matériau composite aux fibres de verre. L'A3 Sportback g-tron embarque par ailleurs un régulateur de gaz électronique. Compact et léger, ce système réduit la pression du gaz à la sortie du réservoir en deux étapes jusqu'à cinq à neuf bars. Ainsi, la pression peut varier pour répondre aux sollicitations du conducteur, selon qu'il privilégie la conduite économique ou sportive. Dès que la pression dans le réservoir descend au-dessous de dix bars, la gestion moteur passe d'elle-même en fonctionnement à l'essence. Et les performances sont toujours identiques, que l'A3 Sportback g-tron roule à l'essence ou au gaz.



Pourquoi un tel attrait pour le gaz ? C'est évidemment lié aux contraintes de CO2 par rapport à l'objectif de 95 g fixé par l'Europe en 2020. Le gaz fait partie des énergies alternatives poussées par l'Europe et le réseau de ravitaillement est bien développé en Allemagne. Mais, cela fait surtout suite à un projet ambitieux, dont nous avons déjà parlé ici et qui fait d'Audi le premier constructeur automobile à créer une filière énergétique durable. Qu'est-ce que le projet e-gas ? A partir d'éoliennes en Basse-Saxe, qui fournissent de l'électricité renouvelable, stocké sous forme d'hydrogène, une installation industrielle produit du méthane synthétique à partir de CO2. Ce gaz, certifié vert, est identique au méthane classique (CH4) au niveau des performances.

Voir l'animation vidéo :



L’usine d’Audi, qui va ouvrir cette année, devrait produire 2000 tonnes de méthane par an. De quoi alimenter 3000 véhicules g-tron. Ce gaz sera ensuite injecté dans le réseau et accessible dans les stations-services. La marque aux anneaux aimerait convaincre les pouvoirs publics de prendre en considération le bilan complet du puits à la roue. C'est ce que fait par exemple l'ADAC (le puissant automobile club allemand) depuis 2012, en affichant le bilan complet du CO2 pour chaque nouveau modèle. Selon cette règle, l'A3 Sportback g-tron n'émettrait alors que 30 g par km, au lieu de 95.


Audi a même une autre idée, assez géniale, qui consiste à fabriquer des carburants synthétiques à partir de CO2 et d'eau salée. En partenariat avec la société américaine Joule, spécialisée dans la production de carburants de synthèse sans recourir à la biomasse, un site industriel a été ouvert aux USA* pour fabriquer de l’éthanol. Les carburants sont obtenus à partir de micro bactéries, en utilisant la photosynthèse et un codage génétique.

Rappelons le principe :

 

Les véhicules utilisant ces carburants seraient baptisés du label f-tron.


Pour le moment, les pétroliers réservent un accueil plutôt frais. Cela ne les intéresse pas, alors qu'Audi table sur un baril à 100 $ avec un produit fini (et non le pétrole brut). Le constructeur, qui essaie de mobiliser les autorités publiques sur ce dossier aux Etats-Unis, sera peut-être tenté un jour de distribuer lui même ces carburants. Si l'on suit la même logique de bilan CO2, l'A3 Sportback e-tron verrait son seuil passer de 35 à 15 g par km.


A la limite, Audi qui fabrique de l'hydrogène serait bien placé pour ses futurs véhicules à pile à combustible. Sauf que pour le moment, le bilan CO2 n'est pas du tout bon à cause de l'acheminement du "carburant" jusqu'aux stations, faute d'un réseau de pipe-lines.

*Dans le désert du nouveau Mexique, à 1 h 30 de Houston.