vendredi 2 novembre 2012

Comment organiser la filière française pour le véhicule de demain ? (seconde partie)

Après la réorganisation de la recherche en France, voici le second volet que j'ai choisi de vous présenter après la publication d'un avis du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) sur la filière automobile française. Il concerne le véhicule de demain. Sans surprise, le conseil préconise d'investir dans le véhicule décarboné. "Si le développement de ce marché prendra certainement du temps, engager dès à présent une dynamique encore plus volontariste dans ce domaine est l’une des voies à privilégier", peut-on lire dans ce rapport. Les efforts de recherche doivent demeurer très soutenus, notamment via les pôles de compétitivité, sur les sujets les plus critiques comme l’électronique de puissance, la connectique, les batteries de stockage de l’électricité qui sont susceptibles d’enclencher de véritables ruptures technologiques et de faciliter l’émergence d’une « filière France ».


Simultanément, les politiques publiques doivent programmer une accélération du déploiement des infrastructures et services nécessaires à la recharge des véhicules électriques en utilisant les réseaux de proximité déjà existants. Le niveau de présence de la France dans les travaux de normalisation à régressé depuis dix ans pour se situer aujourd’hui à la moitié de celui de l’Allemagne. Cette dernière peut imposer ses propres standards et favoriser ainsi considérablement ses entreprises. Il est par conséquent fondamental de renforcer une présence proactive, notamment en s’appuyant sur la « Plateforme Automobile », dans les chantiers internationaux de normalisation, en encourageant la participation des entreprises par tous les moyens possibles.


En dehors de l'électrique et de l'hybride rechargeable, le CESE rappelle l’objectif fixé par le Premier ministre lors de la Conférence environnementale (en septembre dernier) pour aboutir à un moteur consommant 2 litres au 100 km. Un défi qui nécessitera la prise en compte de très nombreux paramètres (poids, taille, usages, prix). Si les constructeurs se doivent de prendre leurs responsabilités - sur ce point, PSA et Renault ont fait des choix stratégiques sensiblement différents, du moins sur le court terme - les pouvoirs publics doivent également renforcer les signaux clairs adressés aux ménages et aux entreprises, en particulier par des systèmes privilégiant l’achat des véhicules les plus décarbonés, ainsi que par une politique correspondante de déplacement et de stationnement.


Enfin, le conseil recommande d'encourager simultanément le développement de carburants « verts ». Pour une fois, on ne parle pas d'agrocarburants, mais de biométhane. Le cadre réglementaire et le dynamisme de la filière permettent d’affirmer qu’il jouera un rôle significatif dans le mix énergétique. À l’horizon 2030, les potentiels techniques permettent d’envisager que 10 % du gaz consommé en France seront d’origine locale et renouvelable. Au coeur des problématiques territoriales et d’économies circulaire, l’usage du biométhane carburant est ainsi triplement vertueux : énergie renouvelable, il valorise les déchets industriels, ménagers et agricoles, tout en produisant des engrais naturels.
La prochaine fois, on terminera ce tour d'horizon par le recyclage.