lundi 4 mai 2015

Excelcar : la plateforme qui accélère les innovations dans la carrosserie

Jeudi dernier, je me suis rendu à l'usine PSA de La Janais, près de Rennes. Ce site industriel abrite une plateforme d'un nouveau type, baptisée Excelcar. Mise en place à l'initiative du pôle de compétitivité ID4Car, elle n'a pas pour vocation d'ajouter une nouvelle couche dans le mille-feuilles français autour de la recherche, mais au contraire de jouer le rôle d'un accélérateur, afin d'industrialiser les innovations développées par les industriels locaux.



Excelcar est une plateforme d'innovation collaborative ouverte. Elle associe à la fois les acteurs de la filière industrielle (entre autres, l'équipementier Faurecia, Coriolis Composites, la société ACS spécialisée dans le vitrage, le groupe ESI qui est un expert dans la simulation) et des laboratoires de recherche (INSA, Ecole Centrale de Nantes, institut Maupertuis spécialisé dans les technologies industrielles). Ces acteurs peuvent travailler ensemble dans un open space situé dans l'enceinte même de l'usine de PSA.


La plateforme intéresse le constructeur français, car elle va lui permettre de relever plusieurs défis. Notamment celui de la montée en gamme. Et c'est la raison pour laquelle le PDG du groupe, Carlos Tavares, était présent à l'inauguration. Dans son discours, il a parlé d'un beau projet ambitieux, qui permet d'aborder de nouveaux business de manière transversale, et qui permet aussi aux régions et aux sites industriels de prendre en main leur avenir. Il a confirmé au passage que PSA se redressait.


Alors, concrètement, que recherche le constructeur à travers cette structure ? Le responsable de la recherche, Gilles Le Borgne, a listé les défis techniques auxquels est confronté PSA: l'allègement, l'assemblage multi-matériaux et la qualité perçue. Dans la mesure où l'usine de Rennes a une expertise reconnue dans la carrosserie, le comité exécutif du groupe a jugé qu'il valait mieux investir en Bretagne pour que des solutions y soient développées et bénéficient ensuite au groupe sur l'ensemble des sites industriels. Gilles Le Borgne a indiqué que les premières applications étaient attendues en 2018, sur un véhicule qui ne sera d'ailleurs pas produit à Rennes.


Quel type d'applications ? Cela n'a pas été précisé. Néanmoins, on pouvait se faire une petite idée à travers l'expo des produits. On a pu voir ainsi des pièces en composites (plancher, bac de roue de secours, pièces anti-vibrations), un système de toit ouvrant panoramique innovant (Eclips'air), ou encore des caméras qui permettent de remplacer l'oeil pour la mesure de la qualité perçue.


La montée en gamme étant une priorité pour PSA (afin de vendre les voitures plus chères et améliorer la rentabilité), on nous a fait une démonstration de réalité virtuelle. Dans une salle équipée de l'outil RTT DeltaGen, les ingénieurs peuvent ainsi valider les propositions des fournisseurs avec un rendu ultra réaliste en ce qui concerne par exemple les vitrages (ici, le tout ouvrant dont je parlais un peu plus haut et des vitres latérales à affleurement qui font plus Premium).


Sur ce visuel, qui recrée le toit de l'ADN à Vélizy et intègre les reflets, on peut voir à gauche des vitres de type "flush" et à droite un vitrage classique série. L'objectif est de faire disparaître les joints apparents.


Le grand ouest dispose donc d'un pôle dédié à la carrosserie, avec un focus sur les matériaux. Un pôle qui accueille déjà des partenaires bien au-delà de la Bretagne et qui a pour vocation de rayonner à l'échelon national et même au-delà. Et pas forcément exclusif au seul PSA à terme. L'intérêt est mutuel, car les PME peuvent trouver des débouchés  travers ces projets, à la fois pour d'autres clients et dans d'autres secteurs. PSA Peugeot Citroën pourrait dupliquer ce type de plateforme dans d'autres usines, mais sur d'autres thématiques qui correspondent à ses contraintes en matière de recherche et de développement.

Voir le diaporama : https://s.joomeo.com/5544cd0f45731