mardi 19 décembre 2017

Comment financer l'entretien des routes ?

Près de 2 ans après le lancement d'un site Internet jaimalamaroute.com l'association 40 millions d'automobilistes poursuit son combat contre la dégradation du réseau routier en lançant une application mobile. L'objectif est de permettre aux usagers de la route de faire remonter, en quelques instants, les dégradations et les dangers présents sur le réseau routier auprès des collectivités, afin que les travaux nécessaires soient entrepris. L'intention est louable, mais encore faut-il que les collectivités aient les ressources pour cela. Le problème est que justement l'argent qui est prélevé sur le dos des usagers, près de 40 milliards par an, ne va pas à la route, à l'exception du fruit des amendes des radars. Alors, que faire ?

 Comme je mène un travail sur ce thème en ce moment, voici quelques pistes. Dans le cadre des Assises de la Mobilité, le groupe de travail sur les mobilités plus soutenables a passé en revue plusieurs hypothèses. L'une d'elles serait de rétablir la vignette, avec un forfait acquitté par l'usager. L'Etat semble préférer une augmentation de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques), qui lui paraît plus efficace, car elle tient compte des émissions. Le problème, c'est qu'à terme, avec la transition vers des véhicules électrifiés, cette manne va s'atténuer.

L'expert Yves Crozet, Président du Think Tank de l'Union Routière de France, estime qu'il faudrait adopter un modèle économique calqué sur celui de l'eau. Les français paient une cotisation pour bénéficier de ce service et sont facturés en fonction du nombre de litres consommés. Partant du principe qu'on paie pour l'eau ou le téléphone, ou encore pour le traitement des ordures, il ne serait donc pas illégitime selon lui que les usagers qui empruntent la route paient pour son entretien. En fait, l'URF défend la création d'un EPIC (Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial), qui réunirait l'Etat et les collectivités pour administrer le réseau routier. Cet établissement percevrait des redevances dont le fruit serait consacré à l'entretien et à l'aménagement des routes.

Le point clé est le "fléchage" des investissements. Autrement dit, une traçabilité qui permettrait de s'assurer que l'argent perçu ne va pas servir ensuite à financer tout autre chose.

Avec l'arrivée des futurs véhicules autonomes, il sera nécessaire d'investir dans le marquage au sol et peut-être à plus long terme sur la communication avec des balises dialoguant avec les véhicules. Cette forme de service public de la route pourrait répondre à ce besoin et dégagerait des ressources pour que le collectivités locales. Mais, cela veut dire que l'automobiliste, traité déjà comme une vache à lait, avec des taxes diverses et variées (TICPE, vignette Crit'Air, malus pour les grosses cylindrées, autoroutes concédées hors de prix), subirait de nouvelles ponctions.

C'est à sans doute à ce prix que les Français pourront continuer à utiliser un réseau plus sûr.