Jusqu'à présent, la croisade anti-Diesel était portée par Anne Hidalgo sur Paris. C'est maintenant au tour de Valérie Pécresse de lui emboîter le pas, en se calant sur un objectif similaire de fin des moteurs thermiques à un horizon 2030 pour la région Ile-de-France. Ces annonces laissent pantois les connaisseurs de la chose automobile, car les études les plus optimistes ne prévoient qu'une part de 30 % pour la voiture électrique à cet horizon. Il faudrait donc beaucoup de si pour arriver à une telle situation, comme par exemple investir massivement dans les bornes de recharge et proposer à un prix attractif ce type de véhicule. Le fait est que ces annonces sont plus dictées par des considérations électoralistes que par une analyse rationnelle.
Prenons le cas de Paris. Pendant une dizaine de jours, une votation citoyenne a permis aux habitants de la capitale de s’exprimer sur ce plan climat, qui prévoit l’interdiction du Diesel en 2024 et celle de l’essence en 2030. En tout, ce sont 73 765 personnes qui ont participé au vote. Elles ont répondu oui à 95,95 %. Un résultat qui ravit Anne Hidalgo, la maire de Paris. Mais, il faut relativiser la portée de cette consultation. Sur une capitale qui compte 2,2 millions d’habitants, cela représente en fait moins de 3,5 % des votants.
Voyons maintenant le plan de Valérie Pécresse. Dans Le Parisien, Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président de la région en charge de l’Ecologie, annonce l’objectif de « sortie du diesel en 2025 pour Paris et la zone dense, c’est-à-dire dans un périmètre situé à l’intérieur de l’A86, et en 2030 pour l’ensemble de la région Ile-de-France ». A plus long terme, l’objectif est la fin des moteurs thermiques en 2030 à Paris et en zone dense, et en 2030-2040 en Ile-de-France. Et Le Parisien de préciser : un objectif conditionné, selon l’élu, à la mise en place de « mesures d’accompagnements fortes de l’Etat », comme des primes à la casse, des aides à la conversion. « Il est impossible d’imposer ces décisions sauf à prendre en otage les automobilistes, surtout les plus modestes. »
« Il y aura aussi possibilité d’envisager des dérogations pour les véhicules d’urgence si les évolutions technologiques n’ont pas permis de convertir tout le parc automobile », a précisé l’élu.
Vous, je ne sais pas, mais moi j'y vois plus de la com' qu'autre chose. Le Parisien souligne d'ailleurs que "la région n’a pas le pouvoir d’interdire les véhicules, ni de financer des dispositifs d’aides"'.
Qu'en pense-t-on dans les cercles de l'automobile ? On préfère ne pas s'exprimer en frontal, partant du principe que cela serait improductif. Mais, on comprend très vite que personne ne croit vraiment à l'objectif de sortie des moteurs thermiques en 2040, comme l'avance Nicolas Hulot. Le ministre de la Transition Ecologique et Solidaire a voulu afficher une trajectoire. Il serait donc erroné de prendre cette date au pied de la lettre, comme semblent vouloir le faire la ville de Paris et la région Ile-de-France, en allant même plus loin que l'objectif affiché par le gouvernement. Les élus ne devraient pas oublier que les décisions sont aussi sanctionnées par des votes.
Les constructeurs automobiles sont d'accord avec les impératifs de transition énergétique. Mais, en France comme en Europe, ils n'entendent pas se laisser dicter une technologie comme l'électrique. Ils souhaitent une "neutralité technologique" qui pourrait se traduire, à côté d'une nécessaire électrification (de l'hybride au 100 % électrique, jusqu'à l'hydrogène), par d'autres alternatives dont éventuellement un Diesel plus performant et d'autres moteurs.
Le fait est que l'abandon du moteur thermique n'existe pour le moment que dans le monde merveilleux de Oui-Oui.