mardi 26 juin 2018

Le véhicule autonome va former un couple avec l'infrastructure connectée

Depuis hier, et jusqu'à ce soir, le monde de l'automobile et de la route échangent leur vision sur le véhicule autonome dans le cadre d'un congrès organisé par la SIA et l'URF. Parce que cet événement n'est pas ouvert à la presse, et que j'y suis en tant que rédacteur en chef du magazine de la SIA, Ingénieurs de l'Auto, je ne vais pas donner beaucoup de détails sur ce qui s'est dit. Mais, il est clair que l'infrastructure va jouer un rôle dans le cadre de l'automatisation de la conduite. Et c'est une prise de conscience assez récente.


En fait, dès le niveau 3 de l'automatisation, un bon marquage au sol et idéalement de la connectivité seraient déjà bien utiles. Au-delà, ce sera un passage obligé. Or, i a été rappelé hier que, sur un million de km de routes en France, la moitié était dénuée de marquage au sol et que 40 % des panneaux étaient illisibles. Il y a donc un effort à faire.

Ce qui ressort des échanges, c'est que toutes les parties prenantes, Etat, collectivités, industrie de l'automobile et monde de la route - on pourrait ajouter aussi les opérateurs télécoms - devraient se mettre d'accord sur les besoins  en matière d'infrastructures. Il faudra ensuite s'entendre sur les moyens.

Pour le moment, on reste dans l'expérimentation à grande échelle. Il y a certes le projet SCOOP, qui est en cours de déploiement et qui répond en partie aux besoins des futurs véhicules autonomes qui feront du "highway chauffeur". Mais, il faudra faire plus. Outre le débat sur la technologie de communication (ITS G5 vs 5G), il faut s'assurer par exemple que les routes communiqueront de la même manière des deux côtés d'une frontière.

Considérée comme un "nice to have", et pas forcément comme un "must have", la route connectée a gagné sa place à a tale des négociations. Elle fait partie d'un ensemble qu'on peut appeler un "système de systèmes". C'est une bonne nouvelle pour les PME qui ont des solutions et qui seraient ravies de les appliquer. Mais, ce n'est pas forcément l'Etat qui va payer. Les collectivités, qui ont pour certaines déjà engagé une démarche vers la smart city, seront sans doute plus "moteur" pour amorcer ce type de mobilité connectée.

Ce premier congrès avec des regards croisés remplit ses promesses.

Toutefois, inutile de s'emballer. Le milieu s'accorde à dire aujourd'hui que le premier véhicule autonome à faire son apparition sera d'abord la navette (suivie éventuellement du bus), pour des raisons de coût. Un véhicule utilisé pour faire du transport collectif pourra plus facilement amortir le surcoût de plusieurs milliers d'euros des capteurs qu'une voiture de série. Cela veut donc dire que seules des petites portions de route seraient à connecter pour accompagner ces véhicules, comme cela a été fait par exemple à l'aéroport CDG, où un feu dialogue avec les navettes de Navya pour leur donner la priorité sur un axe partagé avec les autres véhicules.