Ce matin, Nicolas Hulot a annoncé un plan pour le déploiement de l'hydrogène en France. Il était attendu depuis des mois. Préparé par les équipes de la Direction Générale de l’Energie et du Climat (DGEC) et du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), en collaboration avec les industriels de la filière, ce plan va permettre à l’hydrogène de contribuer aux ambitions de la France dans le domaine des énergies renouvelables et de la lutte contre le réchauffement climatique. C'est aussi un soutien très symbolique à une forme d'énergie que dénigrent bien volontiers les partisans du véhicule à batterie. Ces derniers oublient juste que la France est à la remorque de l'Asie dans ce domaine, et a bien peu de chance de rattraper son retard, alors qu'elle dispose sur son territoire de toutes les compétences requises (R&D, industriels, opérateurs d'énergie) pour jouer un rôle de premier plan sur la scène mondiale.
Un tel plan n'aurait sans doute pas vu le jour sans Nicolas Hulot au gouvernement. Parrain du navire Energy Observer, qui est justement le premier bateau autonome en énergie, grâce aux ENR et à l'hydrogène, le ministre avait une intuition. Il demandait simplement à être convaincu. Les acteurs de la filière H2 ont trouvé les arguments, car ils savent aujourd'hui comment produire en masse de l'hydrogène décarboné, qui peut servir à la fois pour le stationnaire et la mobilité.
Certes, les moyens sont limités (100 millions d'euros en 2019 dans le cadre d'un fonds opéré par l'ADEME). Mais, il y a eu des annonces. Le gouvernement veut favoriser le déploiement de 100 stations à hydrogène (contre seulement une vingtaine aujourd'hui) d'ici 2023. Dans le même temps, le nombre de véhicules devrait passer de 260 utilitaires aujourd'hui à 5 000 et celui des véhicules lourds (camions, bus, TER, bateaux) à 260. L'objectif est plus ambitieux pour 2028 avec 400 stations et une fourchette entre 20 000 et 50 000 véhicules utilitaires et de 800 à 2 000 véhicules lourds.
L'une des actions sera d'accompagner le déploiement de flottes territoriales.
C'est le signal dont avait besoin la filière française de l’hydrogène, à un moment où "le story telling" tend à faire croire que le seul avenir sur la route est à l'électrique à batterie. On remarquera d'ailleurs que l'hydrogène fait aussi partie de la feuille de route de la filière automobile française, sur la période 2018/2022. Nicolas Hulot a probablement joué un rôle dans la prise en compte de cette forme d'énergie, même si la prise de conscience est plus à mettre au crédit de plusieurs équipementiers (Faurecia, Plastic Omnium) et de PSA qui commence à considérer cette option pour les utilitaires.
Et à la veille de l'annonce de ce plan, c'est une PME française, Symbio, qui faisait l'événement à Movin'On, l'événement organisé par Michelin sur le thème de la mobilité durable, et qui se tient en ce moment à Montréal. Ce petit équipementier lance en effet un module hydrogène, plug and play qui permet aux constructeurs de voitures et de camions d'intégrer plus facilement l'hydrogène à bord. Il a pour nom H2MotivHD.
Basé sur une pile à hydrogène de 40 kW, il permet de tripler l'autonomie et de réduire à 10 mn le temps de la recharge. La solution est destinée des camionnettes, utilitaires lourds, bus, ou encore des SUV pour des usages sous forme de taxis par exemple.