jeudi 29 mars 2018

Tests de véhicules autonomes : sont-ils mieux encadrés en France ?

Après l'accident d'Uber, et le manque de rigueur manifeste de cet acteur, pour ses tests aux Etats-Unis, on peut se poser la question de savoir comment ça marche en France. Cela tombe bien, car c'est la clôture en ce jeudi d'un Appel à Manifestation d'Intérêt (AMI) qui porte sur une expérimentation du véhicule routier autonome. Il avait été ouvert le 16 mars dernier sur le site de l'ADEME. Il s'inscrit dans le cadre du programme des Investissements d’Avenir, et plus largement dans le cadre du plan sur le véhicule autonome, dont l’objectif est de soutenir de façon coordonnée les initiatives de recherche, de développement et d’expérimentation sur l’ensemble du territoire français, en lien avec les initiatives européennes et locales.

Le souhait est de concentrer les moyens sur un nombre limité de projets cohérents et complémentaires, de taille critique, permettant de valider des usages commercialisables d’ici 2020.

L'AMI en question vise donc à labelliser un ou plusieurs groupements d’acteurs, en vue de structurer un ou plusieurs consortiums pertinents pour répondre à un appel à projets (AAP) du Programme d’investissements d’avenir (PIA) à venir, ayant pour but de financer un ou plusieurs projets d’expérimentation à l'échelle 1 du véhicule routier autonome.

On peut noter au passage que le développement des services de transports publics ou partagés automatisés constitue une priorité du point de vue des autorités publiques en France. Il s’agit d’accélérer le passage à des déploiements en vraie grandeur, intégrés dans l’offre de transports public des autorités organisatrices.

Dans son document de présentation, cet appel à manifestation d'intérêt expose plus en détails les souhaits des pouvoirs publics. Ils attendent la constitution d’une base de données représentative des situations critiques à destination des outils de simulation ; l’étude du comportement des utilisateurs de ces véhicules et des autres usagers de l’espace de circulation, notamment urbain ; l’étude de l’impact sociétal, environnemental (notamment sur les aspects d’organisation du travail et d’étalement urbain) ; l’expérimentation de ces véhicules pour des services de transport collectif réel, au test des capacités réelles de ces nouveaux types de service de mobilité et de leur appropriation par les usagers ; la constitution d’une base de retours d’expérience pour orienter les politiques de l’Etat et alimenter la construction des futures réglementations.

Le dossier doit comporter suffisamment de détails et de justifications pour permettre d’évaluer le périmètre de l’expérimentation et les perspectives d’apports de connaissance visées, en particulier sur les cas critiques.

Une annexe spécifique liste justement les situations critiques prioritaires pour l’évaluation des apports de la connectivité (ITS-G5, LTE-V2X, 5G). Dans les différents scénarios, on retrouve justement le comportement imprévisible des usagers. On peut lire aussi que l’amélioration des capacités de perception des environnements de nuit par les systèmes automatisés constitue un enjeu pour le développement des transports publics, qui passe par renforcement de l’amplitude et des fréquences.

Dans le dossier, il faut par ailleurs préciser quel est le site d’expérimentation (localisation, taille, pertinence par rapport au besoin) et quelles sont les infrastructures disponibles pour accueillir les tests de véhicules routiers autonomes.

A noter que l'Etat français suit ce qui se passe à Göteborg, en Suède, avec l'expérience Drive Me de Volvo, qui fait appel à des usagers qui ne son pas des ingénieurs. "En vue de mieux connaître les enjeux d’information et de formation, les expérimentations du véhicule particulier avec conducteurs non professionnels, devraient pouvoir (tout en conservant le minimum de formation préalable au déroulement en toute sécurité de l’expérimentation), permettre de documenter la dynamique d’apprentissage des conducteurs des fonctionnalités, domaines d’emploi et performances des fonctions d’automatisation" (ex : dans les premières heures ou jours, puis dans les semaines ou mois de conduite suivants).

Comme on le voit, en France tout est cadré. Le texte précise par exemple que les porteurs de projets devront assurer une interaction forte avec les services de l’État chargés du développement du véhicule autonome sur le territoire national ainsi que ceux chargés de définir les règles de circulation et d’homologation de ces véhicules.