L'affiche du salon est verte et il y a de l'électrique sur tous les stands ou presque. Il est donc assez facile, pour un néophyte, ou un militant convaincu, d'en déduire que l'industrie automobile tourne la page des moteurs thermiques et que l'avenir radieux pour le véhicule à batterie. La vérité est autrement plus complexe, car les constructeurs sont obligés d'investir beaucoup sans certitude que les clients voudront acheter tous ces beaux véhicules électriques. Et si tout le monde y va, ce n'est pas en renonçant pour autant au moteur thermique.
Commençons par le Diesel. Toyota a donc fait l'impasse sur cette motorisation en Europe pour la nouvelle Auris, qui se vendra essentiellement en hybride. La marque annonce même l'arrêt du diesel tout court sur les VL (mais pas les utilitaires et les grands 4x4). C'est un choix assumé de la marque, qui en avait fait de même pour le CH-R. C'est une sortie progressive du Diesel, sachant que Toyota a déjà vendu 12 millions de véhicules hybrides dans le monde, dont 1,8 million en Europe.
Autre japonais, Mazda met en avant le fameux moteur Skyactiv X. C'est un moteur à essence qui affiche la même sobriété que le Diesel. J'ai déjà eu l'occasion sur ce blog d'évoquer plus en détail ce moteur.
Le Diesel existe toujours et il s'affiche, même si la clientèle suisse préfère l'essence. A ce propos, le groupe PSA a choisi de parler à Genève de sa dernière initiative en date. Comme pour les consommations, il a choisi de jouer la transparence en publiant les émissions de NOx et de particules en usage réel. Les mesures ont été faites avec les ONG T&E et France Nature Environnement. Bilan : sur 5 modèles testés (Peugeot 208 1,2 L PureTech 82 ch , 308 1,2 L PureTech 130 ch et 308 SW 1,5 L BlueHDI 130 ch, Citroën C3 et DS7 Crossback BlueHDI 180 ch), tous respectent les normes et sont même conformes à ce que la réglementation imposera en 2020.
Donc, il est possible de contenir des émissions en usage réel avec des moteurs modernes, essence comme Diesel. J'ai eu de la part de BMW le même commentaire.
Ce matin, lors d'une conférence de presse de l'OICA (l'organisation mondiale qui regroupe les constructeurs automobiles), j'ai posé une question à Matthias Wissmann, le Président du VDA en Allemagne. je lui ai demandé s'il y aurait un impact sur le marché, en raison de la récente décision de justice qui ouvre la voie à des interdictions outre-Rhin. Il a répondu que ce genre de décision témoignait d'un manque de connaissance de la part des politiques, qui ignorent les gains obtenus grâce aux motorisations Euro 6. "Nous aurons encore besoin pendant la décennie à venir de moteurs essence et Diesel", a-t-il déclaré. Voilà un message qu'il aurait pu exprimer à Anne Hidalgo, la maire de Paris ayant choisi de se déplacer sur le salon de Genève (ça sent la campagne pour les élections).
Allons faire un petit tour chez Mercedes. Vous ne rêvez pas. Cette Classe C est bien une hybride diesel. Pourtant, le même constructeur fait aussi de l'électrique. Mais, il ne néglige aucune piste.
Si on parle maintenant d'Audi, la nouvelle A6 va étrenner du mild hybrid, avec un réseau de bord en 48 volts. Cela va permettre de réduire de 0,7 l/100 km la consommation, en lien avec des moteurs traditionnels (essence comme Diesel), grâce à des plages étendues de roulage en mode roue libre. Notez que le groupe PSA regarde bien sûr cette solution, mais n'envisage de l'appliquer qu'après 2021.
Le problème, c'est que le développement d'une voiture prend de longues années. Les constructeurs avaient bien anticipé qu'un rééquilibrage s'opèrerait entre le Diesel et l'essence, vers 2020. Mais, celui ci est arrivé plus vite que prévu. Et du coup, les produits ne sont pas là. Par exemple, les français n'auront pas d'hybride rechargeable avant 2019. Par contre, les allemands en ont plein. Et il y en aussi chez Volvo, qui a profité du salon pour mettre en avant la Polestar 1.
Sur ce salon, on peut en fait constater une très grande variété de solutions, du moteur conventionnel à l'hydrogène. Et pour résumer, non il n'y a pas une solution unique qui serait donc l'électrique à batterie (qui plafonne toujours à 1 % en Europe). Le PDG de Plastic Omnium, Laurent Burelle, pense qu'il y a de la place pour plusieurs solutions en fonction des pays. Pour lui, "il n'y aura pas de grand soir".
Demain, je ferai le point sur l'électrique.