Le ministère de l’Economie a pris l'habitude tous les cinq ans de mener une étude de prospective visant à identifier les technologies stratégiques pour la compétitivité des entreprises françaises à moyen terme. La 5e édition, qui a pour nom Technologies Clé 2020, a été présentée récemment par Philippe Varin, ex-PDG de PSA et Président du Cercle de l'Industrie. Un volumineux document de 640 pages, qui passe en revue 47 secteurs dont quelques uns qui ont trait à la mobilité.
Il évoque principalement des technologies transversales, qui impactent plusieurs modes de transport. On peut les classer en plusieurs catégories. Il y a par exemple les matériaux (matériaux actifs, recyclage), le numérique (intelligence des données, simulation numérique, intégration des logiciels), la communication (réseaux 5 G, Internet des objets avec le pendant de la cybersécurité), la robotique (intelligence artificielle, véhicule autonome), la chimie (carburants de synthèse) et l'électrique (batteries de nouvelle génération, réseaux électriques intelligents).
Dans le secteur de la mobilité, les priorités sont : l'allègement, le développement des carburants alternatifs (biocarburants, gaz naturel sous forme de CNG et LNG, électrique à batterie ou à hydrogène…), l'aérodynamisme , l'amélioration des rendements, l'optimisation de l'électronique à bord, la gestion du trafic, la problématique du bruit et la connectivité.
Le véhicule autonome est évidemment évoqué. C'est un moteur de l’innovation dans la filière automobile, dit le rapport.
Une autre approche est de limiter la mobilité par des évolutions en matière d’urbanisme (rapprochement des zones d’emploi et de résidence) ou d’organisation du travail (télétravail,
téléconférences…). Le rapport évoque aussi la forte dynamique autour de la ville intelligente (smarti cities), qui est une opportunité pour la mobilité durable, interopérable (et donc multimodale), particulièrement pour la filière du stationnement automobile qui est aujourd’hui au carrefour de la mobilité.
Pour l'environnement, il est fait mention du programme 2l/100 km (qui intègre au passage l'hybridation et la fibre de carbone pour l'allègement). Le véhicule électrique est également au programme, avec le rôle des smart grids, mais aussi les technos de batteries (flux circulants de type Redox, sodium-soufre, acides avancés, supercondensateurs) et la prise en compte de la seconde vie de ces batteries. Il est écrit que le lithium pourrait être remplacé à terme par le magnésium et les enzymes de la biomasse.
Le rapport évoque aussi l'hydrogène. "S’agissant des applications en mobilité, le marché des véhicules équipés de pile à combustible est encore naissant", peut-on lire. "L’approche française privilégie l’utilisation des véhicules électriques existants, dont on améliore l’autonomie par des prolongateurs à base de piles à hydrogène". Le document relève que "l’Amérique du Nord, le Japon et la Corée du Sud possèdent une avance technologique et commerciale importante dans le domaine des piles à combustible de type PEM. Néanmoins, le marché des autres technologies de piles (en particulier SOFC) ainsi que celui de l’électrolyse restent relativement plus ouverts".
En conclusion, ce rapport appelle à "concentrer les efforts de recherche et développement sur les technologies émergentes", en particulier celles dites à « haute température » (qu’il s’agisse de
piles ou d’électrolyseurs).
Mais, pour en revenir à la connectivité, tous les efforts en faveur des réseaux mobiles à haut débit, du traitement de la big data, de la sécurisation des données et de la cybersécurité, sans oublier le lien aec les autres écosystèmes (capteurs en lien avec la santé, domotique) profiteront naturellement à l'automobile, qui elle-même devient un maillon d'un vaste système englobé dans le numérique. D'ailleurs, elle est impactée également au niveau des moyens de simulation et de fabrication additive (impression 3D).