Le rendez-vous avait été fixé dans la zone du Madrillet, qui regroupe des écoles d'ingénieurs et des entreprises liées à l'automobile. On y trouve aussi une antenne du pôle de compétitivité Mov'eo. A l'intersection de plusieurs rues, près de l'INSA, un show-room éphémère a été aménagé. C'est là que les gens de Transdev et de Renault accueillent les visiteurs.
J'ai eu droit à un brief sur le projet, qui regroupe aux côtés de Renault et de Transdev la région Normandie, la métropole de Rouen, la Caisse des Dépôts et la Matmut. L'Etat et l'Europe soutiennent le projet. Pour le moment, 4 ZOE autonomes circulent. Elles ont totalisé déjà l'équivalent de 3 000 km. Fin mai, Transdev ajoutera la navette i-Cristal de Lohr, qui est actuellement en phase de validation sur les pistes de Satory.
Voici l'une de ces ZOE. La déco est très sympa. Cela fait très équipe de France. L'aspect tricolore ne concerne que l'arrière, puisque la voiture adopte les couleurs de Transdev sur le côté droit, du bleu et du blanc sur le côté gauche et du blanc à l'avant.
Pour accéder à bord, il faut passer par une application. Vous ne la trouverez pas sur les stores, puisqu'elle n'est communiquée qu'aux beta-testeurs (des gens de profils divers, de l'étudiant au retraité). Ils sont une centaine, dont 25 % n'ont pas le permis, à avoir pu l'essayer jusqu'à présent. 350 autres personnes ont pu également monter à bord des véhicules.
Voici les circuits. La boucle 1 est opérationnelle. La 2 et la 3 devraient prochainement être ouvertes à la réservation. En tout, cela représente 10,5 km de trajets et 17 arrêts.
Les ZOE autonomes étant complémentaires des transports en commun, et notamment du tramway, les arrêts se font également au niveau des arrêts de bus. Comme ici.
Pour un premier test, je suis monté à bord d'une voiture avec un ingénieur de Renault. Sur le siège du conducteur, mais sans toucher le volant, c'est un chauffeur de bus qui assurait le service. La consigne est de ne pas parler quand un client pose une question. C'est donc une de ses collègues, elle aussi chauffeur de bus, qui m'a répondu. Elle m'a confié préférer rouler en voiture autonome.
Le service est volontairement limité à 30 km/h. Cela peut paraître peu, mais la moyenne est de 27 km/h. Et Renault pense pouvoir pousser jusqu'à 50 à terme. Les concepteurs du service ont joué la sécurité.
Les robots-taxis circulent sur route ouverte. Comme la zone connaît un fort trafic, des panneaux ont été apposés pour avertir les autres usagers qu'un service pas comme les autres est en test.
Les véhicules autonomes dialoguent avec une infrastructure connectée. A des emplacements stratégiques, et notamment les ronds-points, des lidars ont été implantés.
Et voici leur rôle. Il consiste à mesurer le trafic et analyser la trajectoire des véhicules et piétons dans l'environnement. Ces points sont ensuite relayés par de la communication sans fil jusqu'au poste de supervision, qui répercute l'info dans les véhicules. Voici sous quelle forme.
Après une première boucle, j'ai eu droit à un second tour avec des ingénieurs de Renault. J'ai pu voir que l'activation du mode autonome se faisait grâce à un bouton que l'on pousse au volant. La lumière bleue passe du clignotant au fixe quand la conduite devient automatique.
Il y a aussi un rappel de lumière à l'intérieur des portières.
Pour plus de sécurité, les feux sont connectés. Un boîtier transmet la couleur des feux au PC de supervision qui la transmet aussi aux voitures(des fois que le feu serait masqué par un obstacle). Les feux tricolores sont également géolocalisés dans la carte.
Pour info, la marque au losange a aménagé de cette façon une ZOE. Dommage, je n'ai pas pu rouler avec cet exemplaire. Je pense que l'expérience de rouler dos à la route en voiture autonome doit être assez unique.
Après les tests, on est allé à Rouen au centre de supervision du réseau de transports en commun. Un espace a été aménagé dans le cadre du test en cours. Les opérateurs peuvent voir tout ce qu'il se passe dans les voitures. Les écrans affichent aussi les données sur les véhicules. J'ai appris que,le jour où de tels véhicules circuleraient sans conducteur, le centre pourrait prendre le contrôle à distance et mettre le véhicule et ses passagers en sécurité en cas de problème.
C'est aussi à ce PC qu'arrivent les commandes de réservation.
A terme, il faudrait que la supervision des voitures autonomes soit englobée dans l'outil global de surveillance des transports en commun à Rouen.
Prévu sur trois ans, le test en cours doit prendre fin en décembre. Toutefois, la volonté est de continuer après. Sans doute avec de nouveaux véhicules et de nouveaux services. La zone du Madrillet est un banc-test intéressant pour Renault, tout comme le plateau de Saclay ou des véhicules similaires sont amenés aussi à circuler, et toujours avec l'aide de Transdev.