Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, et Agnès Pannier-Runacher, sa secrétaire d’Etat, ont réuni ce matin les acteurs concernés par la chute du Diesel. C'est dire : des présidents de Régions, les représentants syndicaux, les constructeurs automobiles et les équipementiers. La filière était également représentée par la PFA, que préside Luc Chatel. La réunion est motivée par la chute de cette motorisation (35 % de ce parts de marché), qui continue en France comme en Europe. Cela ne sera pas sans conséquence sur l'emploi.
L'heure est grave, car il y a un risque imminent de perte de 15 000 postes. Le 20 décembre dernier, la PFA avait cité une étude de l’Observatoire de la Métallurgie sur les 35 000 emplois de la filière en France, directement concernés par la chute des commandes, dont la moitié très exposée. Luc Chatel n'a pas manqué ce matin de rappeler ces craintes.
La chute du Diesel a été trop rapide et cela a pris de court les spécialistes de cette motorisation. Si dans le monde de Oui Oui, on croit qu'il suffit de convertir une usine de Diesel en usine de moteurs électriques, ce n'est pas vraiment ça dans la vraie vie. La PFA tient à jour une carte de France avec les sites où l'activité pourrait vraiment dévisser.
Cette crainte est partagée dans d'autres pays, notamment l'Allemagne.
S'agissant du Diesel, les constructeurs estiment que les moteurs conformes à la norme Euro 6 d Temp (la dernière en date) devraient pouvoir prétendre à la vignette Crit'Air 1. Ils sont homologués selon les règles de l'art et sur des facteurs objectifs. Au sein de l'industrie, on ne comprend pas pourquoi le gouvernement continue à appliquer une ségrégation idéologique.
La réunion portait sur "l’industrie automobile qui fait face à de nombreuses évolutions : voiture autonome et connectée, véhicule électrique, mix énergétique, diesel, formation/compétences", précise un communiqué de Bercy. Il a bien sûr été question de l'électrification. A ce propos, et même si le marché de l'électrique s'oriente vers un timide 2 % (2,5 % en tenant compte des hybrides rechargeables), son poids reste négligeable. Mais surtout, le problème de l'infrastructure de charge reste entier. "A quoi bon mettre des véhicules électriques sur le marché s’il n’y a pas de borne pour les recharger ? Il nous faut un plan d’urgence", a rappelé ce matin Luc Chatel.
Rappelons qu'il s'agit-là d'un engagement pris par l'Etat lors de la signature du contrat de filière automobile en mai 2018.
Du côté des constructeurs, on n'exclut pas de participer à l'effort. C'est déjà ce qu'on fait certains constructeurs, tels Nissan, Tesla, plus récemment les allemands dans le cadre de Ionity. Au salon de Genève, l'un des dirigeants de Peugeot a déclaré que si cela était nécessaire, la marque investirait car elle est obligée de vendre des voitures électrifiées et a tout intérêt à ce que les clients achètent ce genre de véhicules.
Dans peu de temps, on saura si le "Yakafokon" décrété par l'Europe et la France se traduit par des résultats concrets. Moi, j'en doute.