C’est un peu la double peine qui va s’appliquer aux automobilistes, surtout pour ceux dont le véhicule roule au gazole. Le gouvernement a en effet décidé à l’automne dernier d’alourdir la fiscalité. D’une part, il y la contribution climat énergie (il s’agit en fait de la taxe carbone). Et d’autre part, il y a un relèvement de la TICPE, la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques. Cette dernière n’augmente en fait que pour le gazole car l’objectif est de rapprocher le prix du Diesel par rapport à l’essence, la convergence étant prévue pour 2021. Une mesure déjà appliquée en Angleterre*. Mais quand on regarde le détail des mesures prévues pour l'automobile en 2018, on s'aperçoit qu'il n'y a aucune cohérence et, pire encore, des objectifs contradictoires.
Un simple exemple avec le CO2. Jusqu'à présent, le Diesel a été privilégié car il émet 20 à 25 % de CO2 en moins. Avec une part de marché moins importante (il a perdu 20 points en 5 ans), et un transfert qui s'opère en direction de l'essence, on peut donc s'attendre à ce que la réduction des émissions prenne plus de temps que prévu. C'est d'ailleurs un réel problème pour les constructeurs, qui risquent de ne pas atteindre les objectifs assignés par Bruxelles en 2021, et qui seront encore plus contraignants en vue de 2030. Pour l'anecdote, cela pose aussi un problème d'approvisionnement en moteurs à essence, ce qui provoque au passage un allongement des délais de livraison. Mais, admirons maintenant le génie français. Le malus frappe désormais les véhicules à partir de 120 g de CO2 et l'addition s'élève déjà plus de 1 000 euros à partir de 140 g. Or, sur quoi se base ce calcul ? Sur le... CO2. Autrement dit, on incite les français à se détourner du Diesel, mais c'est pourtant cette motorisation qui représente la meilleure option pour échapper au malus, les bons citoyens qui feront le choix de l'essence étant certains d'être taxés à l'achat.
Selon Auto Plus, "le gouvernement justifie cette hausse par la baisse moins rapide des émissions moyennes de CO2 des véhicules neufs vendus en France depuis 2015, voire une légère hausse en 2017, avec une stagnation autour de 110 g/km".
On l'aura compris : l'ambition est de faire passer les français au vélo ou à la voiture électrique.
Par rapport à l'électrification : il n'y a plus de bonus de 1 000 € pour les hybrides rechargeables. C'est pourtant ce type de véhicules qui va se développer le plus, mais les constructeurs français n'en proposent pas (en tout cas, pas avant 2019). Le bonus de 200 € est aussi passé à la trappe pour les vélos à assistance électriques. Pour le moment, l'aide de 6 000 € est maintenue pour le véhicule électrique.
Mais, quand on met un vieux véhicule** à la casse, certaines primes reviennent. Ainsi, l'achat d'un véhicule hybride rechargeable neuf donnera droit à une prime de 1 000 € (2 500 € pour un véhicule électrique neuf) sans condition de ressources. Précisons que le barème des primes de conversion prévoient une prime de 1 000 € pour l'achat d'un véhicule neuf thermique ou hybride non-rechargeable émettant moins de 130 g/km (2 000 € si on est non imposable). A noter que l'achat d'un véhicule d'occasion est encouragé par une aide de 1 000 € (2 000 pour les personnes non imposables) pour un véhicule de moins de 130 g de CO2 et datant au moins de 2006.
Dans une note, où elle se félicite de l'esprit constructif des Assises de la Mobilité, l'UFIP (Union Française des Industries Pétrolières) propose de "considérer équitablement les différentes énergies et technologies sur la base des impacts environnementaux, économiques et sociaux de leurs usages" et de "fonder les choix de mobilité et les interdictions de véhicules sur des critères objectifs et des évaluations scientifiquement éprouvées de leurs usages, telles que l’analyse des cycles de vie de tous les types de véhicules (thermiques, hybrides ou électriques)".
C'est du bon sens, mais on peut faire confiance à notre administration pour inventer surtout de nouvelles taxes et ne pas agir pour régler les problèmes d'écologie.
*Avec pour conséquence la baisse des immatriculations pour le Diesel, la pénalisation des modèles récents et non polluants et beaucoup de critiques contre une mesure jugée inéquitable.
**Tout véhicule essence immatriculé avant le 1er janvier 1997 ou diesel mis en circulation avant le 1er janvier 2001 (ou 2006 pour les ménages non imposables).