Ignorance et préjugés : voilà ce qui caractérise les maigres écrits que l'on peut lire sur la toile, émanant de vrais journalistes ou de branleurs du web, à propos de l'hydrogène. Pour la faire courte, ce n'est pas une énergie propre et de toute façon les constructeurs qui font des voitures à hydrogène viennent à la batterie. Ce dernier argument, en apparence imparable, est tout simplement faux. Toyota n'a pas renoncé à la pile à combustible, pas plus que Hyundai. Il se trouve que les grands constructeurs avancent de front avec plusieurs énergies : l'hybride rechargeable, l'électrique à batterie ET l'hydrogène. Et ce dernier mode va connaître une accélération en 2017, n'en déplaise aux militants et aux sceptiques.
Qu'est-ce qui me permet de dire cela ? L'année 2017 va marquer la seconde vague de déploiement pour Toyota avec la Mirai en Europe. Même si les chiffres de diffusion sont modestes, la firme japonaise continue de tisser sa toile. Elle est suivie encore plus modestement par Honda. Mais, en 2017, la vraie nouveauté sera l'arrivée de Mercedes sur le marché. La firme à l'étoile va présenter (sans doute au salon de Francfort) son SUV GLC à hydrogène, que j'ai déjà eu l'occasion de voir. L'Allemagne croit à l'hydrogène et investit, en particulier pour le développement de stations.
Par ailleurs, certains industriels vont se lancer dans de nouveaux marchés, comme le bus à hydrogène. Ce sera le cas dès 2017 pour Toyota et l'année d'après pour Mercedes et Hyundai.
Et en France ? Le service HYPE de taxis à hydrogène va renforcer sa flotte en 2017. La STEP (Société du Taxi Electrique Parisien) a en effet signé un nouvel accord avec Hyundai, qui va porter le nombre de taxis à pile à combustible à 72. La compagnie est soutenue par Air Liquide (qui assure une recharge par voiture et par jour), et qui prévoit de construire des stations de ravitaillement en hydrogène pour accompagner le déploiement de la flotte. Accessoirement, les 39 lauréats de l'appel à projets Territoires Hydrogène (auquel l'Etat ne croyait pas) vont déployer pour la plupart des véhicules à hydrogène (le Kangoo H2 que Symbio adapte avec un range extender), qu'utiliseront des collectivités avec des stations à l'échelle de flottes captives.
Le même Symbio va créer aussi l'événement avec la présentation en mars prochain à Tokyo d'un véhicule dont l'autonomie sera portée à 500 km. L'identité de ce constructeur japonais n'est pas très compliquée à trouver.
D'autres acteurs (Audi, BMW, VW) ont d'ores et déjà prévu de proposer des modèles à hydrogène d'ici 2020. A cette date, il y aura un embryon de réseau pour les stations H2, sachant que la couverture sera nationale à l'horizon 2025.
Il est intéressant de faire le parallèle avec les bornes de recharge. Combien de temps a-t-il fallu pour disposer d'un réseau à l'échelon national ? Depuis 2008, date à laquelle Renault a commencé à faire le buzz et à annoncer des "partenariats", on a certes avancé, mais avec essentiellement des bornes à charge lente.
Il n'y a pas une solution, mais un mix de solutions avec des énergies et des véhicules qui varient en fonction de l'usage. Et tout cela dans le cadre d'une évolution de la mobilité elle-même, avec toujours plus de location (pour rendre les véhicules plus accessibles) et des écosystèmes intégrant les fournisseurs d'énergie.
Sur ce, bonne année, même pour les médiocres qui ne captent rien à rien.