mercredi 25 janvier 2017

Sécurité routière : la revanche des experts

Enfin ! L'installation lundi du nouveau collège du CNSR (Conseil National de Sécurité Routière) a permis de faire entrer des vrais spécialistes, qui ne seront pas de trop pour apporter la contradiction aux ayatollahs et incapables qui s'acharnent dans une voie sans issue de la répression à tout va. Et quels sont ces spécialistes ? Un décret nous informe que le conseil s'enrichit notamment de Jean Todt, envoyé spécial de l'ONU pour la sécurité routière, d'Anne Guillaume du LAB (Laboratoire d'Accidentologie de Renault et PSA), de représentants de l'industrie automobile (CCFA, CNPA, CSIAM, Michelin, Mobivia) et de la route (ASFA, Colas).

A l'heure où l'automobile évolue, avec des progrès technologiques (aides à la conduite, connectivité entre véhicules et l'infrastructure, demain la voiture autonome) qui laissent entrevoir une réduction sensible des accidents, ces représentants de l'entreprise - et donc du monde réel - vont sans doute contribuer à élever le niveau du débat. En même temps, ce ne sera pas compliqué de faire mieux.

Mention spéciale à Anne Guillaume, que je connais. Face à la croisade anti-téléphone menée par des associations, dont l'inénarrable Ligue contre la Violence Routière, elle s'était singularisée en soulignant qu'il existait d'autres études que celles citées par Mme Perrichon (le fameux document de synthèse de l'INSERM, publié en 2011 qui est une escroquerie intellectuelle). A savoir : des études naturalistiques (menées auprès de vrais gens dans la vraie vie, dans des véhicules équipés de caméras), qui montrent que la simple conversation en mode mains-libres n'augmente pas forcément le risque d'accident, mais que c'est le SMS qui représente une vraie source de danger.

A ce propos, on en saura plus avec les résultats du programme U Drive, qui prend fin en juin 2017. Ce programme europén implique des conducteurs volontaires dans plusieurs pays, dont la France où ils sont 43. A ce jour, plus de 76 000 h de données ont été collectées. Elles seront plus fiables que des préjugés grossiers (sachant que la mortalité des automobilistes est en baisse, soit dit en passant).

J'ajoute qu'une conférence en lien avec ce programme est prévue en mars prochain à Paris sur les risques de distraction. Les experts feront des présentations intégrant le véhicule autonome et les nouvelles formes d'interface homme-machine (reconnaissance vocale, gestes).

Tout ça pour dire que des gens compétents vont pouvoir donner leur avis sur la sécurité routière. Et ça, c'est déjà un énorme progrès.