Selon la dernière étude de KPMG sur l'industrie automobile, le véhicule électrique à batterie est considéré comme l’enjeu n°1 du secteur à l'horizon 2025. C'est ce que pensent en tout cas 5 dirigeants du secteur sur 10, sachant que ce thème n’arrivait qu’en 9ème position en 2015 et qu'il était déjà remonté en 3ème position en 2016. L'autre enseignement fort est que la plupart des responsables de l'industrie pronostiquent également la fin du Diesel. Si l'on s'en tient à ce résumé, voilà qui a de quoi faire plaisir à Anne Hidalgo et Ségolène Royal. La réalité est autrement plus complexe.
Et si l'on commence par le véhicule électrique, il ne va pas remplacer le moteur thermique du jour au lendemain. Les constructeurs considèrent que le moteur à combustion interne va subsister pendant encore une longue période. Quant au Diesel, force est de constater que son déclin va s'accentuer. Il ne sera pas éradiqué, comme l'a promis qui vous savez, car il n'y a pas d'alternative crédible pour les véhicules lourds. Mais, le Dieselgate et les mesures qui ont suivi ont créé un climat instable et incertain. Cela risque d'affecter les constructeurs qui font beaucoup de Diesel en Europe, et en particulier les français.
Si l'on se base sur la demande exprimée par les clients, la part des énergies alternatives (hybride et électrique) ne serait que de 7 % en 2023. KPMG estime cependant qu'elle pourrait grimper jusqu'à 30 % sous l'effet de la réglementation. Cela paraît très optimiste.
Il faut également noter que 62 % des dirigeants estiment que le véhicule électrique à batterie restera un marché de niche en raison des infrastructures de charge. Ce n'est pas tant le manque de bornes qui pose problème, mais la multiplication des standards et le temps de recharge. Attendre entre 25 et 45 mn pour refaire le plein est un handicap majeur. C'est la raison pour laquelle 78 % de ces mêmes responsables voient dans la pile à combustible la solution pour assurer l’avenir de la propulsion électrique. Rappelons que le temps d'un plein est inférieur à 5 mn. Selon KPMG, l’usage de cette technologie demeure loin de la maturité commerciale (ils devraient demander à Toyota), du fait des risques posés par la manipulation et le stockage de l’hydrogène à bord des véhicules. Ce dernier passage traduit une méconnaissance assez troublante.
En ce qui concerne le véhicule autonome, BMW et Mercedes sont vus comme les plus en pointe (j'aurais ajouté Audi). Viennent ensuite certains généralistes (Nissan, VW, Toyota), puis loin derrière les acteurs de la Silicon Valley. Ce qui est intéressant, c'est que ni les dirigeants de l'automobile, ni les clients n'accordent beaucoup de crédit aux capacités de Google et Tesla à proposer des véhicules fiables sur le marché.
L'enseignement le plus intéressant est finalement que le véhicule autonome va bouleverser les habitudes. Avec son arrivée progressive, les critères d’achat traditionnels (puissance, vitesse, confort, respect de l’environnement) vont marquer le pas, cédant la place à d’autres facteurs plus essentiels comme les services. L’enjeu est désormais l’utilisation du temps à bord du véhicule, et comment de nouveaux revenus peuvent être générés via de nouveaux services. 85 % des dirigeants estiment que l’écosystème digital autour de la voiture pourra à terme générer des revenus supérieurs à la vente du véhicule lui-même, sachant qu’un seul véhicule connecté peut générer sur sa durée de vie économique des revenus supérieurs à 10 véhicules non connectés.