samedi 14 janvier 2017

Pourquoi les Etats ne s'intéressent-ils pas aux études d'accidentologie des constructeurs ?

Pour m'être impliqué dès le début de ma carrière dans le domaine de la sécurité routière, je me suis toujours demandé pourquoi on ne parlait pas plus souvent des études que mènent les constructeurs sur les accidents de la route. Car ils bénéficient de structures pour mener des études sur le terrain et voir comment on peut éviter de perdre la vie dans les mêmes circonstances. Renault et PSA ont créé le LAB (Laboratoire d'accidentologie, de biomécanique et d'études du comportement humain) dès 1969. Volvo a aussi un département d'études encore plus ancien, qui a déjà traité 30 000 cas d'accident. Quant à Volkswagen, il a décidé d'étoffer le sien, qui existe depuis 20 ans.
Le constructeur allemand fait des relevés sur le terrain, à partir de cas réels d'accidents. Il utilise même des drones pour faire des prises de vues aérienne. Avec l'aide d'un véhicule équipé d'un laser, la firme de Wolfsburg reconstitue en fait la scène en 3D et arrive à déterminer à quelle vitesse un véhicule a pu avoir un accident et quels équipements ont pu être impliqués. C'est d'ailleurs en s'appuyant sur des rapports détaillés, et avec l'aide de médecins, que VW a pu développer des systèmes d'aide à la conduite.

Les maigres données officielles sur l'accidentologie ne permettent pas de mener ce travail de fond.

Ces structures font donc un travail très utile. Je vous invite à découvrir les travaux du LAB à travers cet article du Figaro, signé Thierry Etienne. C'est évidemment l'un des journalistes de la rubrique auto qui a fait le papier. Pour connaître des spécialistes qui ont travaillé au LAB ou y travaillent encore, tout ce qui est écrit est vrai.

Et je pense que ces travaux ne sont pas connus de l'administration. Heureusement, une délégation de la DSCR, conduite par Emmanuel Barbe, a visité le LAB, ainsi que le Ceesar (Centre européen d'études de sécurité et d'analyse des risques) le 20 septembre dernier. La visite a eu lieu en présence de Christian Peugeot, président du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).

Avec un peu de chance, ce type d'information arrivera jusqu'à ce "machin" qu'est le CNSR (Conseil National de Sécurité Routière), un repaire de fous furieux qui veut rendre obligatoire le LAVIA et installer des boîtes noires dans les véhicules. L'organisme va voir son effectif passer de 52 à 67 membres, selon un décret paru en novembre dernier. Le CNSR est censé faire plus de prospective et réfléchir aux évolutions technologiques pour la période 2017/2019, avec un renouvellement des experts dans les commissions. J'attends de voir quels seront ces "experts", sachant que pour le moment la composition de la commission "Outils technologiques et infrastructures routières" me fait bien rigoler.

Mais, sait-on jamais.... On va peut-être demander pour une fois à de vrais spécialistes de se pencher sur la sécurité routière.