Ce ne sont pas les études qui manquent sur la perception des automobilistes par rapport à la voiture autonome. Elle sont souvent indigentes, avec un faible échantillon de personnes interrogées et émanent d'acteurs très divers, dont des loueurs et des organismes de contrôle technique. Audi vient d'en publier une. La marque aux anneaux a fait interroger 21 000 personnes à travers le monde (neuf pays sur trois continents). L'intérêt vient du fait que l'étude éclaire sur la manière dont les arguments rationnels, les émotions, les valeurs et les modes de vie façonnent les attitudes à l’égard de la conduite autonome.
La clé, c'est l’indice de préparation humaine (HRI – Human Readiness Index). Et c'est ce qui permet de mesurer l'acceptation sociale en fonction de l'endroit où on vit. Ainsi, les Chinois (HRI +5,1) sont euphoriques et les Sud-Coréens (HRI +1,2) ont également une vision de la technologie supérieure à la moyenne. En Europe, les Espagnols et les Italiens sont en tête (tous deux avec un HRI +0,7). Les Allemands et les Français sont relativement réservés (HRI -0,7), de même que les Américains, les Japonais et les Britanniques (HRI -0,9). Le HRI combine la connaissance, l’intérêt, les émotions et la disposition à utiliser des voitures autonomes pour produire un indicateur numérique entre -10 et +10.
Le niveau d'éducation et l'aisance financière sont deux paramètres importants pour l'acceptation de la délégation de conduite.
L'étude met en exergue cinq types d’utilisateurs :
Le « conducteur méfiant » aime s’en tenir à ce qui existe déjà et n’utiliserait la conduite autonome que si elle était pleinement établie.
Les « réticents soucieux de la sécurité » ont également une attitude largement réservée vis-à-vis de la conduite autonome. Ils pensent que les voitures autonomes devraient d’abord être testées pendant des années avant d’être autorisées sur la route.
Le « copilote à l’esprit ouvert » voit les avantages de la technologie et souhaite que les entreprises, les scientifiques et les politiques prennent des mesures pour mettre les voitures sur les routes en toute sécurité.
Les « faiseurs de tendances axés sur le statut » sont enthousiastes à l’égard des voitures autonomes, car ils peuvent ainsi démontrer leur style de vie avant-gardiste.
Enfin, les « passagers férus de technologie » font confiance à la technologie et souhaitent l’introduire dans tous les domaines.
Assez logiquement, c'est dans les embouteillages et pour se garer que les usagers sont le plus enclins à lâcher les mains du volant. Normal, ce sont les cas les plus faciles à gérer. Ce qui surprend, malgré tout, c'est que malgré tout ce qui s'écrit sur le sujet, le niveau de connaissance de la conduite autonome semble faible. Seulement 8 % des personnes affirment pouvoir expliquer de quoi il s’agit. Comme quoi, il faut encore travailler beaucoup sur la pédagogie.