Mal aimé par les militants de l'électrique, qui ne jurent que par Tesla, voire Renault, le groupe PSA prévoit de lancer 4 modèles 100 % électriques et 7 véhicules hybrides rechargeables essence d'ici à 2021. 80 % de sa gamme sera même électrifiée en 2023, ce qui sera plus que Renault qui se fixe pourtant des objectifs qualifiés d'ambitieux dans le cadre de son plan pour 2022.
Mais, cela ne suffit pas pour la secte du VE, qui reproche à PSA d'avoir pris sur étagère en 2010 des modèles de Mitsubishi qui ont été rebadgés (ce qui lui a permis de proposer des modèles électriques avec un an d'avance sur la Fluence et le Kangoo ZE), et de produire la e-Méhari (avec techno Bolloré) qui est considérée comme une hérésie, au lieu de développer ses propres véhicules. On reproche aussi à Carlos Tavares sa sortie contre la folie du tout-électrique lors du salon de Francfort. Pourtant, PSA a une expérience que ne soupçonnent pas ceux qui viennent de lancer des blogs et s'autoproclament experts dans ce domaine.
Pour avoir été forcé par les pouvoirs publics à faire des véhicules électriques, dans les années 90, le groupe PSA sait ce que c'est que de dépenser de l'argent en pure perte. Bien peu de soi-disant spécialistes de l'électrique savent que son record de production de 10 000 véhicules électriques a tenu pendant pas mal d'années, y compris face à Tesla qui n'a commencé à faire du volume qu'à partir de 2012. En fait, ceux qui se pâment devant les tweets d'Elon Musk considèrent que PSA n'est qu'un sale pollueur, obsédé par le Diesel et incapable de se transformer. Period !
Bon. PSA fait moins de volumes que Renault en électrique, ça c'est sûr. Mais, il propose une citadine chez Peugeot (Ion) et Citroën (C-Zero), ainsi qu'un cabriolet (la e-Méhari, que je ne recommanderais pas un ami, à moins de la laisser branchée en permanence), et deux utilitaires (e-Partner et Berlingo. Rappelons qu'en face, Renault ne vend principalement que la ZOE et le Kangoo ZE, même si la gamme se compose aussi du Master ZE. La Fluence ZE a disparu et le Twizy n'est qu'un jouet pour aller à la plage dont 16 000 exemplaires ont été vendus en 5 ans.
Du côté de PSA, on sait que la Peugeot 208 sera la première à se décliner en version électrique dès 2019, à partir de la plateforme CMP. Suivra en janvier 2020 une version électrique du petit SUV Peugeot 2008. Les deux véhicules devraient afficher une autonomie de l'ordre de 300 kilomètres.
Côté DS, la nouvelle marque haut de gamme de PSA, la future DS3 Crossback, version baroudeuse de la petite DS3, inaugurera l'électrique au premier semestre 2019. Quant à la première Citroën électrique de nouvelle génération, elle est prévue à l'horizon 2020.
Récemment, le groupe a pris la parole pour annoncer un accord dans le domaine des moteurs électriques avec le japonais Nidec, qui est le propriétaire de Leroy-Somer. Les deux partenaires vont fonder une coentreprise qui localisera en France les étapes de conception et de production des principaux composants de la chaîne de traction électrique. Ces moteurs électriques à la pointe de la technologie seront destinés aux véhicules électrifiés (véhicules mild-hybrides, hybrides rechargeables et électriques). Ils seront produits sur le site de Trémery dans l’Est de la France principalement pour le Groupe PSA, mais également pour d'autres constructeurs. Basée à Carrière-sous-Poissy dans les Yvelines, la société va démarrer ses activités dans le courant du premier trimestre 2018 avec un budget de 220 millions d’euros.
En attendant, PSA va acheter chez Continental les moteurs électriques de ses prochains modèles. C'est ce qu'a fait Renault pendant des années, avant de fabriquer ses propres moteurs. Peut-on en vouloir à un groupe qui a failli mourir de ne pas avoir mis tous ses oeufs dans le même panier, et de ne pas céder à la mode du tout-électrique ? Pour ma part, je note que l'essentiel du business se fait pour les deux constructeurs avec des SUV et des moteurs thermiques.
Un dernier point : c'est Renault qui va rattraper son retard sur PSA et Daimler à Madrid, avec le service d'autopartage Zity, élaborée en partenariat avec l'opérateur local d'infrastructures et de services urbains Ferrovial. Elle donnera accès à pas moins de 500 Renault Zoé et viendra s'ajouter à deux autres offres autour des VE (Car2Go et Emov). Ce dernier service, exploité par PSA, compte 550 voitures qui sont des C-Zero.